Les experts-comptables et conseillers fiscaux menacent de faire grève: “Nous sommes à bout!”
C’est un cri d’alarme que l’Ordre lance à l’attention du futur gouvernement fédéral, au moment où il reprend ses discussions fiscales. Il dénonce les “pressions continues”, les “exigences déraisonnables” et une complexité sans nom. Quinze revendications sont déposées.
C’est un cri du coeur, et un signal d’alarme. “Pour la première fois de notre histoire, nous allons peut-être faire grève“, lance Emmanuel Degrève, vice-président et porte-parole de l’Ordre des experts-comptables et conseillers fiscaux.
Le coup de semone tombe à point nommé, alors que les négociateurs de la future Arizona fédérale reprennent leurs discussions et se préparent à aborder à nouveau le dossier fiscal, mis sous le tapis depuis les tensions de la fin de l’été.
“Nous disons: ‘Assez’!”
Quelle est la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour la profession? “Le mois d’octobre est toujours un mois surchargé, mais cette fois-ci, c’est le bordel, rien ne fonctionne, souligne-t-il. Les systèmes sont en panne, on nous donne des délais, mais ce n’est pas une solution. Mais c’est aussi une accumulation!” La complexité du système est devenue inextricable. Et les économies annoncées dégoûtent ces professionnels.
Dans son communiqué, l’Ordre résumé: “Depuis 65 ans, l’Ordre des experts-comptables et conseillers fiscaux a servi l’État avec loyauté et rigueur. Aujourd’hui, face à un climat de travail devenu insupportable, nous disons: “Assez !”. Les pressions continues et les exigences déraisonnables de l’administration fiscale, qui entraînent burnouts et départs, ont atteint un point critique.”
“Notre profession n’a jamais fait grève parce que déontologiquement, c’est contre nos principes”, souligne Emmanuel Degrève. Mes parents sont médecins: eux aussi pensaient ne pas faire grève, pour la même raison. Jusqu’au jour où ils l’ont fait, et on les a respectés. C’est le moment de nous faire respecter.”
Quinze revendications
Cette menace de grève, l’Ordre l’exprime dans une lettre adressée aux présidents des cinq principaux partis. La mise en garde est claire: si aucune amélioration notable n’est entreprise dès le début de la nouvelle législature, la grève sera décrétée. L’Ordre exige “la reconnaissance de son rôle essentiel dans la relation entre l’administration fiscale, les entreprises et les citoyens, et demande que quinze revendications clés soient intégrées dans l’accord de gouvernement”.
Le premier paquet de mesure vise à améliorer l’efficacité des relations avec l’administration. Il s’agit de “mettre en place une simplification des mandats et instaurer un mandat unique pour les professionnels assermentés”. Ou de “créer une plateforme unique d’accès pour tous les services de l’État”.
Deuxième paquet: une simplification administrative. L’Ordre évoque “l’instauration d’un système ‘All in once’ pour éviter les demandes redondantes”, la rationalisation de l’utilisation des informations déjà présentes dans la Banque-Carrefour des Entreprises (BCE), la facilitation des publications numériques au Moniteur belge…
L’amélioration de l’accessibilité et de l’efficacité des plateformes… en-dehors des heures de bureau (sic) est au menu également. Tout comme l’équité dans les relations fiscales. “Les sanctions automatiques sont devenues excessives et déraisonnables, lit-on notamment. L’Ordre demande un système d’amendes et d’accroissements qui soit appliqué de manière raisonnée, tenant compte des circonstances spécifiques de chaque cas.”
Un appel est lancé pour une concertation continue avec le politique. Le futur ministre des Finances et les leaders politiques doivent “faire preuve de responsabilité envers un secteur qui, par son expertise et son engagement, joue un rôle fondamental dans le bon fonctionnement de l’État”.
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