L’administration met en garde le ministre des Pensions, Jan Jambon (N-VA): impossible d’adapter les services informatiques suffisamment vite. L’opposition socialiste dénonce un “chaos”.
Décidément, il n’est guère facile de réformer la Belgique. La limitation des allocations de chômage dans le temps avait déjà suscité des cris d’orfraie au sein des organes de gestion de l’emploi, Onem en tête: elle a dû étre légèrement échelonnée.
Désormais, rebelote pour la réforme des pensions et l’introduction d’un malus pour ceux qui partent plus tôt à la retraite.
Comme si les réformes impopulaires suscitaient de la résistance.
“Défi sans précédent”
Le Service fédéral des Pensions écrit dans un rapport qu’il fait face à “un défi sans précédent pour adapter ses programmes informatiques“, ceci dans “un contexte d’incertitude”. Car les détails du du système de malus doivent encore être élaborés, le vote n’intervenant au parlement qu’à la fin de l’année.
Vu que d’autres données interviennent, notamment les réformes en matière d’emploi, cela risque d’être compliqué de communiquer à ceux qui veulent partir à leur pension leur date et leurs conditions précises.
“Dans le meilleur des cas, le Service fédéral Pensions ne pourra appliquer la législation (toutes les mesures) qu’aux dossiers dont la date d’entrée en vigueur est postérieure à octobre 2027“, précise le rapport.
Pour rappel, le système de malus vise notamment à introduction d’un malus pouvant atteindre -25 % pour celles et ceux qui partent avant 67 ans.
‘Rectifier le tir”
Le PS dénonce que “le chaos social annoncé est aussi administratif” et estime qu’il s’agit d’une “occasion pour rectifier le tir”.
“Le rapport du Service fédéral des Pensions est clair : le système de malus voulu par Jan Jambon est impossible à mettre en œuvre dans les délais, souligne la députée Ludivine Dedonder. Le ministre a beau s’entêter, son projet est à la fois brutal pour les travailleurs et maintenant techniquement ingérable.”
L’ancienne ministre de la Défense ajoute: “Ce que confirme ce rapport, c’est que le gouvernement a lancé une réforme qui n’est pas prête, qui crée une insécurité énorme et qui fera payer le prix fort à celles et ceux qui ont déjà travaillé dur toute leur vie. Imaginez un ouvrier du bâtiment, usé à 62 ou 63 ans : demain, il perdra 300 à 400 euros par mois de pension. C’est inacceptable.”
Un report envisagé
L’incertitude juridique menace le système et le site de référence Mypension.be pourrait ne plus être complètement fiable. Au point qu’un report semble s’imposer.
“Le système proposé doit être mis en place parce qu’il encourage le travail, qui finance les pensions, dit UCM. Mais il faut être pragmatique pour sa mise en œuvre.”
Selon L’Echo, le ministre Jan Jambon semble pourtant s’accrocher à son totem dès maintenant.
