Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, est furieux contre les “manoeuvres” du PS, du PTB, d’Ecolo et de DéFi qui ont voté un renvoi au Conseil d’Etat en compagnie du Vlaams Belang. Le cordon sanitaire est rompu, prétend-il. Mais est-ce vraiment le cas?
Georges-Louis Bouchez est démonté. Selon lui, le PS a rompu le cordon sanitaire en votant avec le Vlaams Belang pour un report du vote de la loi-programme contenant la réforme du chômage limitant les allocation dans le temps.
“C’est un moment grave qui s’est produit à la Chambre, clamait-il mercredi en fin de journée. Le PS avec ses fidèles acolytes d’Ecolo, du PTB et désormais de DéFi a voté avec le Vlaams Belang le report de cette loi. En faisant cela, il brise très concrètement le cordon sanitaire.”
Retardé après le 1er juillet
Explication. Lors de l’examen de la loi-programme contenant cette réforme au parlement, une flibusterie assez habituelle a eu lieu pour retarder le vote.
L’opposition à la Chambre, à l’exception de l’Open VLD, a déposé pas moins de 103 amendements à la loi-programme. PS, PTB, Ecolo-Groen et Vlaams Belang ont demandé et obtenu l’examen de ces amendements par le Conseil d’État.
Ces quatre groupes ensemble comptent plus de 50 députés, un nombre suffisant pour obtenir cette sollicitation du Conseil d’État.
“Les votes du Vlaams Belang étaient nécessaires pour obtenir la majorité”, dénonce Georges-Louis Bouchez. En 2017, le MR avait voté une loi avec le Vlaams Belang, “mais nous n’avions pas besoin de ces voix”.
En effet. Mais aucune tractation préalable n’a eu lieu, rétorque-t-on au PS, et le vote de chaque groupe a eu lieu indépendamment de l’autre. Bref, le parti de Paul Magnette n’a en aucun cas vendu son âme au diable en agissant de la sorte.
“Mais quelle rupture de cordon sanitaire?, réagit même le groupe PS de la Chambre, déconcerté. On n’a pas déposé un texte ensemble, chaque parlementaire a voté sur l’opportunité de faire analyser les amendements à la loi programme par le Conseil d’état!” Point.
Quoi qu’il en soit, la réforme du chômage sera effective dans les temps, défend GLB. “Si ce n’est pas le cas, les Belges perdront 260 millions d’euros chaque mois.”
“Ceux qui nous font la leçon”
Le président libéral n’en démord pas: “Celles et ceux qui nous font la leçon sur les dangers de l’extrême droite sont les premiers, en Belgique, à s’associer au Vlaams Belang. C’est un profond scandale sur le plan démocratique. Après avoir été cherché le soutien des communautaristes de Fouad Ahidar, après s’être acoquiné régulièrement avec les communistes du PTB, PS et Ecolo décident désormais de travailler avec l’extrême droite.”
Ces accusations laissent globalement froids les principaux intéressés. Zakia Khattabi (Ecolo) s’indigne: “Le cordon sanitaire n’est pas un instrument de théâtre politique!“.
En expliquant longuement sa raison d’être, elle rappelle: “Le cordon sanitaire ne s’applique pas à des procédures parlementaires, pas plus qu’il n’interdit de soumettre un texte de loi au Conseil d’État. Il ne s’applique pas à la critique politique, ni à l’opposition radicale. Il ne s’applique qu’à une chose : le refus de tout pacte de gouvernement, de coalition ou de compromis avec les partis d’extrême droite. Et c’est précisément cette distinction que le MR piétine allègrement.”
Mais après un tel incident, difficile de voir MR et PS s’entendre… pour sortir la Région bruxelloise de la crise.
C’est, par contre, un nouveau contretemps pour l’Arizona: la loi-programme ne pourra pas entrer en vigueur le 1er juillet, comme le souhaitait la coalition.