Le gouvernement De Wever entre renégociation de l’accord et popularité en baisse

Bart De Wever et Maxime Prévot doivent déjà faire le gros dos, en ce début d'Arizona. (Photo Belga)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

L’Arizona fédérale a entamé un bras de fer d’envergure au sujet des quatre milliards à trouver pour la défense et des flous sur la taxation des plus-values. Un premier grand baromètre donne une indication d’une baisse rapide de sa popularité, surtout du côté francophone où la gauche reprend du poil de la bête. Le disocurs du PS paye.

Les débuts de l’Arizona sont difficiles, autant que les négociations laborieuses lui ayant donné le jour. Oh, le gouvernement De Wever n’est pas (encore) l’objet de contradictions internes fortes, étalées dans les médias. Mais elle doit déjà faire face à une renégociation de pans entiers de son accord de gouvernement et les signaux de défiance se multiplient déjà, comme en témoigne le premier grand baromètre Le Soir/RTL.

“Au début, nous devons accepter faire face à de l’impopularité” nous avait confié le vice-premier ministre Maxime Prévot (Engagés) avant même l’avènement de cette coalition regroupant N-VA, MR, Engagés, Vooruit et CD&V. Nous y sommes déjà.

Le Premier ministre nationaliste essuie les plâtres. Et c’était sans compter une grande renégociation indispensable dès les premiers moins, en raison de la conjoncture internationale.

Des milliards à trouver

Pensez donc, il s’agit de trouver quatre milliards dès cette année et 17,2 milliards sur la législature pour financier l’effort en matière de défense. La menace russe est réelle, le rapprochement avec Washington inquiète et l’Europe doit rendre son destin en mains. Chez nous, cela signifie un saut à 2% du PIB plus rapide que prévu – et encore, cela n’est qu’un début.

Comment y arriver? Depuis quelques semaines déjà, les pistes circulent et de nouvelles s’ajoutent: vente de participations publiques, bon d’Etat, confiscation des avoirs russes, emprunts, économies supplémentaires, vente d’or… Les discussions entrent cette semaine dans une phase plus active.

“Il n’y a pas d’option pour laquelle on peut dire ‘non’ d’emblée”, déclarait Maxime Prévot ce week-end, tout en affirmant tout de même que les “réorientations” exprimées par son homologue du MR, Georges-Louis Bouchez, n’avait pas sa préférence; “Nous avons déjà, avec l’accord de gouvernement, assumé un certain volant d’économies dans un grand nombre de départements pour lesquels il me paraît compliqué de prime abord d’aller au-delà.”

Le vice-premier ministre MR, David Clarinval, mettait quant à lui l’accent ce week-end sur les ventes d’actifs. Mais il s’agit bien de mesures ‘one shot’, sauf pour Belfius si une formule d’ouverture du capital préservant les dividendes venait à être trouvée.

Cela dit, tout le monde le répète: “Quatre milliards, cela ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval“. Et il faut faire vite.

Exercice périlleux d’autant qu’au même moment, le gouvernement doit s’entendre sur les “détails” de la concrétisation de la taxation sur les plus-values. Le sujet avait provoqué de sérieuses tensions lors de la formation.

De Wever suscite la méfiance

En attendant, donc, le premier grand sondage de l’ère De Wever semble démontrer que le discours très agressif du PS dans l’opposition vise juste. Les troupes de Paul Magnette retrouvent la première place d’un cheveu en Wallonie, passant de 22% aux élections de juin 2024 à 25,8%. Le MR, pendant ce temps, chute de 28,2% à 24,8%. Attention, signal d’alerte pour GLB.

En Flandre, le Vlaams Belang repasse d’un cheveu devant la N-VA: 25,7% contre 25,5%.

En Région bruxelloise, par contre, le coude-à-coude tourne à l’avantage du MR qui reste le premier parti, comme pour démontrer que le blocage d’une solution par le chef de file PS, Ahmed Laaouej, n’est peut-être pas la bonne stratégie… même au niveau de la popularité.

Ce lundi, un deuxième volet de ce baromètre illustre la méfiance des Belges à l’encontre du gouvernement De Wever. Seuls 46% des sondés disent lui faire confiance et la suspicion est davantage ancrée du côté francophone. 56 % des Bruxellois et 60 % des Wallons estiment que le locataire du Seize “va désavantager les francophones”, contre 20 % des Flamands. C’est au PS (74 %), au PTB (69 %) et chez Ecolo (62 %) que l’on trouve davantage de personnes inquiètes.

Ce n’est pas vraiment une surprise, mais cette Arizona aura bien du mal à redresser la barre.

Quant à De Wever, il doit se construire un costume de “père de la nation” à l’heure où… une majorité de Belges craignent voir la guerre arriver un jour sur notre territoire.

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