Le FMI : “idéalement, l’indexation automatique des salaires devrait être abolie” en Belgique


Rien de bien neuf dans les recommandations de l’institution, pour ceux qui la suivent. Le FMI loue toujours la résilience de l’économie belge face aux chocs, mais fronce les sourcils devant l’ampleur de la dette publique, notre handicap de compétitivité et la rigidité du marché du travail. Avec, en ligne de mire, toujours, l’indexation automatique des salaires.
Les experts du Fonds monétaire international ont analysé l’économie belge et ont remis ce jeudi leur bulletin. « Nous devons voir des réformes qui aideront à augmenter la productivité, et donc la compétitivité, et donc la croissance, l’emploi, et renforcer globalement la résilience de l’économie », souligne Jean-François Dauphin, le chef de mission du Fonds pour la Belgique. Et cela inclut, au pire une réforme, au mieux (pour le FMI) la suppression de notre système d’indexation automatique des salaires.
Un corridor salarial
Le processus de fixation des salaires est régi, rappelle le FMI, par une indexation automatique quasi universelle sur l’inflation réelle (excluant toutefois les prix de l’alcool, du tabac et de l’essence, qui établit la limite inférieure des augmentations salariales et assure une transmission rapide de l’inflation (y compris de ses composantes les plus volatiles), et une loi sur les salaires de 1996 qui plafonne les augmentations salariales en fonction de la croissance des salaires horaires en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, sans référence aux différentiels de productivité.
Le « corridor salarial » qui en résulte inhibe, affirme le FMI, une différenciation réelle des salaires basée sur la productivité entre les industries et les entreprises, ou une adaptation des salaires aux conditions locales du marché du travail, contribuant ainsi probablement à une mauvaise allocation de la main-d’œuvre.
Point sensible
« Je sais que c’est un point sensible en Belgique, dit Jean-François Dauphin. Nous reconnaissons que l’indexation automatique des salaires et des prestations sociales a protégé le pouvoir d’achat des ménages pendant le choc inflationniste d’il y a deux ans. Mais en même temps, ces mécanismes augmentent le déficit fiscal de manière structurelle et fragilisent la compétitivité. Et peut-être plus important encore, le corridor qu’ils imposent — quand on prend ensemble l’indexation automatique des salaires et la loi sur les salaires — empêche une allocation optimale de la main-d’œuvre et donc d’augmenter l’emploi. »
Comme politiquement abolir l’indexation automatique semble très difficile à faire passer, le FMI estime que, déjà, certaines réformes utiles pourraient être effectuées.
Elargir l’indice santé
Jean-François Dauphin en énumère quelques-unes. La Belgique pourrait ajuster la base d’indexation pour exclure encore davantage de biens et de services ayant des prix volatils. On pourrait aussi élargir le groupe de pays comparateurs au-delà des trois partenaires (Allemagne, France, Pays-Bas) commerciaux directs les plus importants, afin de prendre également en compte la concurrence dans les pays tiers. On pourrait utiliser les coûts unitaires de main-d’œuvre plutôt que des salaires comme base de comparaison, car les salaires ne reflètent pas pleinement la compétitivité — il faut aussi tenir compte des différences de productivité ; et laisser aux entreprises la possibilité d’indexer les salaires seulement partiellement.
Mais la meilleure solution serait quand même de supprimer le mécanisme. » À notre avis, idéalement, il devrait être aboli », dit Jean-François Dauphin.
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