“La désindustrialisation n’aidera pas à atteindre les objectifs climatiques”
La désindustrialisation du Vieux Continent “n’aidera pas à atteindre nos objectifs climatiques, au contraire”, a déclaré mardi le Premier ministre Alexander De Croo, à l’issue d’une table ronde avec des industriels belges, à l’avant-veille de l’ouverture de la COP28 à Dubaï. Pour lui, les objectifs européens à l’horizon 2030 en matière de lutte contre le réchauffement climatique ne doivent être revus ni à la hausse ni à la baisse mais “sont les bons”.
“Mon message est que l’ambition climatique et l’industrie sont des partenaires et non opposés. Ce n’est pas avec la désindustrialisation, avec une politique de décroissance que nous allons réussir nos objectifs, au contraire. Il est bon pour le monde que l’industrie reste en Europe”, a ajouté M. De Croo, soulignant l’important degré d’innovation des industries belges et européennes.
Le Premier ministre, qui a rencontré mardi après-midi au “16” des dirigeants d’entreprises belges parmi les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre en Belgique, mais aussi d’entreprises “à la pointe de la transition”, estime que la législation, notamment européenne, est parfois trop stricte, non pas sur les objectifs fixés mais sur les méthodes pour y parvenir.
La carotte et le bâton
Saluant le “Green deal” européen, qui est “la bonne législation”, Alexander De Croo juge toutefois qu’il manque en Europe d’un instrument de soutien à l’instar de l’Inflation reduction act (loi sur la réduction de l’inflation ou “IRA”) aux États-Unis, qui inonde de subsides les entreprises qui investissent dans la transition verte au pays de l’Oncle Sam. “Les USA, c’est le continent des carottes. Nous, en Europe, nous sommes le continent des bâtons. Il faudrait un peu plus de carottes en Europe”.
Le Premier ministre, qui se rendra ces vendredi et samedi à Dubaï pour participer à la 28e conférence des Nations unies sur le climat (COP28), souhaitait engager, avant son départ, un dialogue avec un certain nombre de partenaires industriels belges de premier plan, parmi lesquels des dirigeants d’entreprises comme BASF, Solvay, John Cockerill, Fluxys, Biowanze, Elia, Jan De Nul… La COP28 sera également l’occasion de mettre en avant les solutions innovantes proposées par les entreprises belges en matière de transition énergétique et de décarbonation, insiste-t-on.
Etre ouvert au nucléaire
Sur la question d’une sortie des énergies fossiles, qui sera au centre des discussions à Dubaï, le Premier ministre belge pense qu’il “faut tout faire pour réduire leur utilisation au plus vite“. “Mais est-ce qu’on va encore utiliser des énergies fossiles dans les années à venir? Oui, c’est inévitable mais le moins possible et en recourant là où c’est nécessaire à certaines technologies comme le CCS” (la capture et la séquestration du carbone, NDLR)”, poursuit M. De Croo. Il salue les investissements “massifs” dans les énergies renouvelables et considère qu’il faut aussi “être ouvert au nucléaire” si l’on veut réduire plus vite l’utilisation des combustibles fossiles.
M. De Croo donnera d’ailleurs, samedi à Dubaï, le coup d’envoi symbolique, en présence du président français Emmanuel Macron, d’un sommet sur l’énergie nucléaire (Atom for net zero) prévu en mars 2024 à Bruxelles et co-organisé par la Belgique et l’Agence internationale de l’Énergie atomique (AIEA).
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