Et si l’impasse budgétaire paralysait le gouvernement De Wever…

Bart De Wever à la Chambre, jeudi dernier. BELGA PHOTO JONAS ROOSENS
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Pas de fumée blanche pour le budget. L’ampleur de l’effort à réaliser et les positions antagonistes freinent la majorité fédérale. Le MR reste braqué sur son “no tax”. “De temps en temps, il faut une crise”, ironise le président de la Chambre. En est-on à ce stade?

Le Premier ministre, Bart De Wever, s’est lancé dans une partie d’échecs dont l’issue semble chaque jour plus incertaine. Le budget 2026 reste dans les limbes et le voilà contraint à reporter une nouvelle fois son discours sur l’état de l’Union. Deux fois de suite, c’est une première.

L’ampleur de l’effort à réaliser – au minimum dix milliards d’économies – est considérable. Mais l’architecture même des décisions est incertaine. “Nous ne sommes même pas d’acccord sur les grands piliers de l’accord“, nous murmurait-on en fin de semaine passée au cabinet d’un vice-Premier.

“Parfois, une petite crise…”

C’est dire que le travail technique sur les mesures à proprement parler n’a pas encore eu lieu. Une crise politique est-elle possible? “Parfois, une petite crise est nécessaire pour trouver une solution“, ironisait ce week-end le président de la Chambre, Peter De Roover (N-VA).

La conséquence pourrait être une forme de blocage budgétaire, sous la forme de douzièmes provisoires, c’est-à-dire que l’on reprendrait les bases de l’année précédente. Impensable.

Si un budget n’est pas présenté avant la fin octobre, il sera très difficile de le faire approuver par le Parlement avant le 31 décembre, précisait Peter De Roover. Et si vous n’avez pas de budget, vous devez passer à des douzièmes provisoires. Ce n’est pas l’objectif.”

En effet, ce n’est pas l’objectif… Il reste donc dix jours.

“Monsieur Non”

Cela dit, mettre bout à bout les positions des cinq partenaires de la majorité semble particulièrement délicat. Entre la taxe sur les millionnaires de Vooruit et le “no tax” du MR, c’est le grand écart.

“Le MR a signé un accord de Gouvernement il y a 8 mois avec des principes clairs de récompense du travail et de ne pas recourir à l’impôt comme l’ont fait de trop nombreux gouvernements, rappelait Georges-Louis Bouchez ce week-end. Cet accord est public, connu de tous. Il doit être respecté. En tout point. Il faut être clair, le courage de réformer ce n’est pas taxer. Taxer c’est la méthode facile suivie en Belgique depuis 50 ans et qui nous a conduit à la faillite. Nous sommes une équipe qui a été élue sur la promesse d’un avenir meilleur et de rompre avec les pratiques détestables du passé de sans cesse s’attaquer à la classe moyenne. Je ne dérogerai jamais à cela. Ni maintenant, ni demain.”

Ceci dit, le président du MR se transforme petit à petit en “Monsieur Non”: c’est lui aussi qui a refusé l’idée déposée par Bart De Wever d’un saut d’index. De même, la perspective d’une hausse de la TVA ne ravit pas grand monde.

Alors? Bien sûr, il y a des mesures à prendre pour remettre les malades de longue durée au travail, mais c’est insuffisant et c’est une couleuvre de plus à avaler pour les socialistes flamands.

Bref, on sèche toujours…

A la française

En attendant, certain ironisent sur le fait que l’Arizona fédéral se transforme de plus en plus en Vivaldi, en référence à la législature précédente et ses conflits permanents. D’autres font une comparaison avec la France qui ne se sort pas de son conclave budgétaire, faute de compromis politique possible jusqu’ici.

L’exercice est d’autant plus difficile, dans nos pays, qu’un populisme féroce profite de la situation. Le sens des responsabilités et des plus en plus difficile à “vendre”. Une part de dramatisation peut contribuer à faire comprendre l’urgence et l’importance de l’effort.

En est-on à ce stade?

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