En 2024, le cœur du MR penche vers la N-VA, pas vers Ecolo

Georges-Louis Bouchez et Theo Francken en 2018. © belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, exige la relance du nucléaire pour entrer dans une future majorité. Traduisez : sans Ecolo et avec la N-VA. La Suédoise revisité est au menu. Mais attention à l’isolement.

A un peu plus d’un an des élections de mai 2024, il apparaît de plus en plus évident que la « droite populaire » prônée par le président du MR, Georges-Louis Bouchez, a le cœur qui penche vers une Suédoise revisitée au lendemain du scrutin. Comme un pari sur l’avenir. Cette volonté s’inspire de la coalition sans PS et Ecolo que Charles Michel avait dirigée au fédéral de 2014 à 2019, mais avec la N-VA. Elle s’inscrit surtout dans les enjeux forts qui se profilent pour la prochaine législature.

Abroger la fin du nucléaire

Le premier dossier est énergétique. Mardi, Georges-Louis Bouchez a fixé une condition pour entrer au gouvernement : « Nous aurons comme exigence l’abrogation de la loi de 2003 sur la sortie du nucléaire, donc que l’on renonce à la fin du nucléaire en Belgique et que l’on décide clairement la construction de centrales de nouvelle génération. » Un message clair à l’encontre des écologistes, qui persistent à vouloir la sortie du nucléaire une fois les risques levés sur la sécurité d’approvisionnement, et qui s’opposent aux nouvelles petites centrales nucléaires.

Sur ce terrain énergétique, le MR compose un axe fort avec la N-VA, ouvertement pro-nucléaire, ainsi que le CD&V de Sammy Mahdi et le parti frère Open VLD, qui a choisi ce cap après avoir été plus hésitant. Ces mêmes partis se retrouvent également sur plusieurs autres dossiers : la volonté de mener des réformes plus tranchées en matière de marché du travail, de pensions, d’immigration, voire de fiscalité, même si le CD&V est davantage centriste sur cette questions.

Un débat Bouchez – Francken

Par contre, le MR et la N-VA divergent fortement en ce qui concerne l’avenir du pays : Bart De Wever, leader nationaliste, a remis sa volonté confédérale sur la table de la campagne électorale, tandis que Georges-Louis Bouchez a imprimé une marque très belgicaine.

Jeudi soir, le président du MR sera en débat sur le sujet avec Theo Francken, l’ancien secrétaire d’Etat N-VA, à Jurbise, terre de Jacqueline Galant. “Mon copain” dit de Bouchez Theo Francken. En 2014, les deux partis s’étaient retrouvé sur le mot d’ordre : gouverner sans le PS, c’est une réforme de l’Etat en soi.

Le MR isolé du côté francophone

A force de jouer au plus malin, le MR risque toutefois l’isolement complet du côté francophone. PS et Ecolo sont exaspérés par ses attitudes et les Engagés ont recruté en la personne de Jean-Luc Crucke un ex-MR en rupture de ban. De là à se faire écarter des futures majorités wallonne, bruxelloise et francophone… Quant au fédéral, le pari est risqué : les relations entre GLB et Bart De Wever n’ont pas toujours été bonnes – c’est un euphémisme – et l’appel confédéral risque d’être tentant.

A moins que tout ceci ne soit que du bluff et du positionnement ? Dans un entretien accordé à Knack, le vice-Premier CD&V, Vincent Vanpeteghem, affirme cette semaine qu’une réforme de l’Etat serait discutée en coulisses entre présidents de parti. Or, la Vivaldi d’Alexander De Croo vient de présenter les résultats de sa consultation citoyenne, qui prône une réforme de l’Etat allant au-delà des clivages institutionnels habituels. Faut-il voir le présage d’une Vivaldi numéro deux, si cela est mathématiquement possible ?

En tout état de cause, l’arithmétique électorale de mai 2024 forcera peut-être la décision. Ou le blocage.

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