Emploi: que dit le programme des partis politiques francophones?
À l’approche des élections 2024, le Trends-Tendances a épluché le programme de chaque parti pour en extraire leurs idéaux en matière d’emploi. On y parle notamment de salaire, d’équilibre entre vie professionnelle et privée, de chômage et de temps de travail…
L’emploi, un thème qui ne manque pas de faire couler de l’encre. Mais que proposent les politiciens belges exactement? Voici les mesures phare envisagées par chacun des six partis francophones du pays.
MR – Le programme du Mouvement réformateur met en avant quatre mesures phare pour “remettre les Belges au travail et ainsi renforcer la solidarité”.
Améliorer le pouvoir d’achat pour les personnes qui travaillent
On ne parle pas ici d’augmentation des salaires, mais plutôt de récompenser le travail. Le valoriser lui plutôt que l’inactivité. Ainsi, le MR demande:
- une augmentation du différentiel entre les revenus du travail et les revenus d’allocations sociales (au moins 500€ nets par mois).
- l’instauration d’un bouclier fiscal. L’objectif? Veiller à ce qu’aucun revenu, quelle que soit sa nature (impôt direct ou indirect, impôt sur le revenu, sur le capital ou autre), ne puisse être taxé à plus de 50%.
- un relèvement des tranches d’imposition, indexées de la même manière que les salaires.
Atteindre 80% de taux d’emploi
Pour réduire le taux de chômage, il faudrait en limiter la longueur, déclare le MR. Ainsi, les allocations de chômage seraient limitées à deux ans. En échange, celles-ci seraient plus élevées durant les six premiers mois. Pas question non plus de refuser un emploi convenable ou de formation dans un métier en pénurie: cela provoquerait le retrait immédiat des allocations de chômage. Le MR compte bien récompenser les allocataires sociaux qui retournent au travail à l’aide d’une prolongation des avantages sociaux.
Booster la création d’emploi
Cela passe par une incitation ou un soutien à l’embauche, ainsi qu’une réduction du taux facial des cotisations patronales à 20 % pour les PME.
Améliorer l’équilibre entre vie privée et professionnelle
Le MR veut faciliter les changements de carrière en garantissant une meilleure mobilité entre les différents statuts professionnels, et prône davantage de liberté dans l’organisation du travail. Le parti souhaite également apporter un soutien aux parents actifs. La priorité leur sera donnée pour les places en crèche. Enfin, des titres-services seront dédiés à l’accueil et au transport d’enfants de 3 à 12 ans.
PS – “Pour les socialistes, le travail est central”, peut-on lire d’emblée dans le programme du PS. Le parti souhaite que “chacune et chacun puisse bénéficier d’un emploi de qualité, stable et justement rémunéré”. Voici les mesures qu’ils envisagent pour y parvenir.
Un travail rémunéré à sa juste valeur
Contrairement au MR, le PS prône une augmentation du salaire:
- tendre vers un salaire minimum de 2.800 euros brut par mois.
- augmenter les salaires de 300 euros net par mois pour les bas et moyens revenus.
- instaurer une rémunération horaire minimale pour les travailleurs indépendants.
- éradiquer la tension salariale entre les femmes et les hommes.
Un travail qui assure le bien-être et la santé
Un meilleur salaire, oui, mais en réduisant le temps de travail. Sont visés: les travailleurs âgés et les métiers pénibles. Le parti espère notamment passer à 35 heures par semaine pour les plus de 50 ans et 32 heures pour les plus de 55 ans. Pour garantir le bien-être au travail, il faut également renforcer la conciliation entre vie privée et vie professionnelle et garantir le droit à la déconnexion. Dernière mesure: pourquoi ne pas ajouter 5 jours de congé supplémentaires par an pour les travailleurs?
Un travail qui permet d’acquérir des droits sociaux
En particulier pour les travailleurs indépendants, qui ne bénéficient pas nécessairement de droits en termes de chômage ou de maladies professionnelles…
Ecolo – Chez Écolo, le ton est donné: “On prône un emploi et des revenus décents pour chacune et chacun”. Mais comment traduire cela exactement? Voici l’ensemble des mesures qui touchent de près ou de loin à l’emploi.
Garantir un meilleur salaire à tous
Chez Écolo, on dit “non” aux emplois atypiques (temps partiel contraint, flexi-job, travail de nuit…), mais “oui” à une augmentation du salaire minimum et des bas salaires. Cela passe notamment par une amélioration du système d’indexation automatique des salaires et de la négociation salariale.
Revaloriser certains secteurs
Sont notamment concernés les métiers du soin, les titres-services, les travailleurs de plateformes…
Favoriser le bien-être au travail
Le bien-être au travail est au cœur du programme de nombreux partis. Côté Écolo, on prône la lutte contre le burn-out et les incapacités de longue durée. Cela signifie qu’il faut mieux s’armer grâce à des politiques de prévention et de contrôle. Le parti souhaite également tendre vers une norme de 32 heures de travail par semaine avec maintien du salaire. Et enfin, pour ceux qui ne se plaisent plus dans leur entreprise, il faut créer un « droit à la démission » en permettant de bénéficier d’allocations de chômage (pour les salariés) ou d’un droit passerelle (pour les indépendants).
Faire baisser le taux de chômage
C’est-à-dire pérenniser et développer de manière structurelle les « Territoires Zéro Chômage de Longue Durée ».
PTB – “Ouvriers de la construction, infirmières, chauffeurs, artistes, caissières… : chaque travailleur a droit au respect”, insiste le PTB dans son programme 2024. Et cela passe par trois mesures.
Emploi stable
Le PTB s’attaque aux emplois précaires et sous-payés, y compris les flexi-jobs, les faux indépendants, les travailleurs de plateformes, les intérimaires… Il veut également une meilleure protection contre le licenciement.
Travail faisable
On parle ici d’horaire et de bien-être au travail. “Il faut rendre les horaires vivables et prévisibles”, demande le PTB. Cela signifie qu’en cas d’excès, toute heure supplémentaire devrait être payée 50% de plus que le salaire horaire contractuel. L’objectif à terme? Tendre à faire des 30 heures/semaine le nouveau temps plein. Cela commence par une augmentation du nombre de jours de congé légaux à 25 jours par an.
Augmentation des salaires
Trois méthodes:
- rétablir le droit à la libre négociation des augmentations collectives de salaire.
- retirer au gouvernement la possibilité d’interdire des augmentations de salaire, en révisant la loi sur le blocage des salaires.
- augmenter le salaire minimum à 17 euros par heure.
Défi – En matière d’emploi, Défi ne souhaite qu’une chose: rendre le contrat social plus juste. Sa mesure phare? Instaurer le bouclier social. Tour d’horizon des différents points que le parti souhaite aborder.
Instaurer le bouclier social
Défi souhaite mettre en place progressivement une allocation unique dénommée “bouclier social” qui fusionnerait toutes les allocations existantes. Ce bouclier constituerait le socle minimal des allocations de chômage et de pension, fixé à 1.300 euros nets. Le parti veut également fixer le salaire minimum à 1800 euros.
Assurer le financement de la sécurité sociale par une cotisation perçue sur l’ensemble des revenus globalisés des citoyens
Trois piliers majeurs:
- une contribution de solidarité sociale (CSS) sur l’ensemble des revenus globalisés des personnes physiques selon des tarifs dégressifs.
- un plafonnement des cotisations patronales à 20%.
- une fiscalité renforcée à l’égard des dépenses toxiques pour le financement de la sécurité sociale (alcool, tabac, comportements anti-environnementaux).
Initier le droit au chômage plus simple, plus juste, plus dynamique
L’idée n’est pas d’encourager le chômage, mais plutôt d’assurer une sécurité financière à tous. Il faudrait donc garantir que l’allocation de chômage en fin de dégressivité soit au moins égale au bouclier social. Et pour éviter les abus, le parti propose d’imposer aux chômeurs CCI de longue durée une obligation de formation.
Accueillir, intégrer et garantir l’autonomie des personnes âgées ou porteuses de handicap
Les engagés – “L’emploi est le moteur du développement d’un pays”, prône Les engagés. “La mission de chaque mouvement politique est donc de mettre en place toutes les mesures permettant le développement d’un maximum d’emplois de qualité, garantissant l’épanouissement économique de notre société, des entreprises et des travailleurs”. Et eux, comment comptent-ils y parvenir?
Un emploi pour toutes et tous
Là encore, on valorise l’emploi. Notamment grâce à l’octroi d’un « bonus bosseur » de 450 euros net pour récompenser l’effort et créer un vrai différentiel avec le chômage et les allocations, même pour les bas salaires et les temps partiels. Le parti propose également une hausse de la quotité exonérée d’impôt pour que les 1.000 premiers euros gagnés chaque mois soient « Tax-Free ». Ainsi qu’une diminution de l’ordre de 20% de l’impôt des personnes physiques avec un taux maximal réduit à 45%.
Un droit à l’emploi et des allocations limitées dans le temps
Pour réduire le taux de chômage, Les engagés proposent de limiter les indemnités à une période de deux ans, tout en augmentant leur montant initial. Après deux ans de chômage, tout chercheur d’emploi se verrait automatiquement proposer un contrat de travail dans le secteur public ou associatif.
La formation au service d’un emploi porteur de sens
Se former pour mieux évoluer dans la société, telle est l’idée de cette mesure. Le parti appelle donc à donner la possibilité de prolonger les indemnités de transition pour perte d’emploi pour reprendre des études ou une formation. Et pourquoi pas garantir un revenu de remplacement en cas de réorientation professionnelle?
Des emplois épanouissants et adaptés au 21e siècle
Dernière mesure, commune à de nombreux partis: garantir le bien-être au travail et un bon équilibre entre vie privée et professionnelle
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