Dette et déficit: il est minuit moins cinq en Belgique
Dégradation de la note du pays par Fitch, retour de la procédure européenne de déficit excessif: il est grand temps de réformer en profondeur et de redresser les comptes de l’Etat.
Augmenter les recettes, réduire les dépenses: il est grand temps d’agir. C’est ce que nous rappelle froidement l’annonce formulée vendredi 10 mars par Fitch de réduire à “négative” la perspective de la note belge. Pour justifier sa décision, l’agence de notation pointe un déficit budgétaire trop important et persistant dans un contexte marqué par la “capacité limitée” d’une coalition gouvernementale “fragile” face aux défis économiques.
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Certes, le déficit budgétaire été ramené de 9% du PIB en 2020 à 3,9% en 2022 mais la Vivaldi peine à accoucher d’une réforme ambitieuse sur les pensions, la fiscalité ou le marché du travail. Avec des taux d’intérêt repartis à la hausse, les perspectives laissent augurer un risque de dérapage. Fitch prévoit d’ailleurs que le solde budgétaire de la Belgique se creusera pour atteindre 5,2% en 2023, contre 4,0% en 2022.
“Il est peu probable que le gouvernement adopte des mesures de consolidation fiscale qui pourraient réduire le déficit alors que des élections législatives auront lieu en 2024”, souligne l’agence qui ajoute: “En raison du paysage politique fragmenté et de très longues négociations par le passé pour dégager une coalition, nous anticipons un risque de retard significatif dans la consolidation des finances publiques”.
Dette, le retour
Alors que Fitch abaisse à négative la perspective de la note belge, la Commission européenne annonce pour sa part que la procédure de déficit excessif, qui vise les Etats dont les budgets dérapent et qui a été mise en veilleuse pendant le covid, reviendra l’an prochain. Il est temps d’améliorer la soutenabilité de la dette, dit-elle.
Ce qui laisse présager de la sueur et des larmes chez nous. Dans ses calculs pour abaisser la note belge, Fitch considère en effet que le ratio de la dette atteindra 107% du produit intérieur brut (PIB) en 2024, contre 105,2% en 2022, et qu’il continuera à augmenter pour atteindre 110,2% en 2027. Selon le Fonds monétaire international (FMI), la dette publique belge pourrait même atteindre 120% du PIB d’ici 2028.
La Banque nationale (BNB) avertit également. Comme elle le fait observer dans son dernier rapport, à politique inchangée, avec le vieillissement de la population, les dépenses sociales devraient augmenter pour atteindre les 30% du PIB aux alentours de 2050. C’est insoutenable, juge la BNB.
Pour elle, il faut impérativement ramener le déficit sous les 3% “aussi rapidement que possible” afin d’enrayer la spirale et revenir à une dette inférieure au PIB. Toutes les entités fédérées devraient y contribuer, selon la BNB qui propose une norme d’endettement en fonction des recettes propres de chaque entité.
Belfius n’avait pas tort…
S’inquiétant de l’endettement des Régions wallonne et bruxelloise et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Belfius s’était pourtant gentiment fait recadrer voici quelques mois par certaines éminences socialistes, lui rappelant qu’il n’appartenait pas aux banques de porter un jugement sur quel parti politique que ce soit et que la Wallonie respectait sa trajectoire de réduction des déficits. Eh bien aujourd’hui, Fitch donne raison au bancassureur.
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Belfius Bank
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