De Wever – De Croo: une lutte à mort pour l’avenir de la Belgique
Le président de la N-VA vise le Seize non par ambition, dit-il, mais pour mettre un terme à la Vivaldi portée par le libéral flamand. Avec son parti mal en point, le Premier ministre tente le tout pour le tout. Un combat de gladiateurs.
L’Europe ne peut pas devenir un musée économique.” Ce mardi devant le Parlement européen, le Premier ministre belge, Alexander De Croo (Open VLD), a présenté les grandes lignes de la présidence belge de l’Union. Avec un accent important mis sur la nécessité pour l’Europe de se réveiller économiquement face aux Américains, sans oublier les enjeux migratoires, climatique ou liés au futur élargissement à l’Est et aux Balkans.
Mais à titre personnel, Alexander De Croo joue gros dans cette pièce. Sa crédibilité en tant qu’homme d’Etat, bien sûr, voire sa stature en vue d’un éventuel top job européen. Mais surtout, il avance un pion important pour sa propre image et celle de son parti en vue des élections du 9 juin prochain. Car l’Open VLD est en fâcheuse posture dans les sondages, à un plancher historique de 7%, et le Premier ministre prend sur lui d’associer entièrement son image avec celui de sa formation politique. Pour tenter de sauver ce navire qui prend l’eau ou couler avec lui.
L’homme, ces derniers temps, ne ménage pas son énergie et est souvent vu les traits tirés. Dans les rangs de la N-VA, on regarde avec un sourire malicieux cette destinée tragique. Car c’est là sans doute que se joue, en partie, l’avenir de la Belgique.
De Wever en sauveur
Bart De Wever, président de la N-VA, poste sur les réseaux sociaux une vidéo du dernier congrès de son parti. On voit le leader nationaliste annoncer qu’il tirera la liste de son parti pour la Chambre à Anvers. “Pas de gaieté de coeur”, ajoute-t-il, car “mon coeur bat en Flandre“.
S’il se présente à cette place, dit-il, c’est pour envoyer un signal. “Un signal de ce qu’est notre objectif: plus jamais de Vivaldi, plus jamais de gouvernement sans une majorité en Flandre. Et plus jamais un Premier qui sacrifie notre prospérité pour sa carrière.” Les troupes se lèvent d’un seul rang, les applaudissement se prolongent.
Mais De Wever interrompt: “Mes amis, nous n’y sommes pas encore. Pour cela, la N-VA doit rester la force principale du Nord. Si nous réussissons cela, si nous recevons cette confiance, alors je veux reprendre la direction. Pas parce qu’il s’agit de mon ambition brûlante à titre personnel, mais bien parce que mon coeur bat pour ce que votre coeur bat: pour la Flandre et la prospérité!”
Un triple combat
Bart De Wever annonce donc qu’il sera bien candidat au poste de Premier ministre, mais si les astres s’alignent.
Premièrement, la N-VA doit refaire son retard sur le Vlaams Belang, l’extrême droite caracolant en tête des sondages depuis les élections. Le dernier sondage en date montrait qu’elle refaisait (un peu) son retard).
Deuxièmement, et pour y arriver, la N-VA compte bien tuer définitivement l’Open VLD. Cette lutte de chefs entre Bart De Wever et Alexander De Croo est bel et bien existentielle.
Troisièmement, et ce n’est pas un détail, il devra tenir compte des résultats des élections du côté francophone, et notamment de l’ambition similaire de Paul Magnette pour le Seize (il n’irait pas à contre-coeur, lui…).
De Wever a présenté son scénario idéal ce week-end: un cabinet d’affaires courantes pour sauver le budget et une grande négociation avec le PS pour “apaiser le pays” – entendez: le dépecer. Les cartes sont sur la table, il reste à attendre que les dés soient jetés par les électeurs.
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