Le blocage budgétaire fédéral semble profond et crispe les partenaires de l’Arizona, libéraux et socialistes. Jusqu’à la rupture? Le Premier ministre veut un accord marquant l’importance du moment, à la Dehaene. La mobilisation syndicale, historique, illustre la fracture sociale. La Belgique, en voie de “macronisation”, risque l’inertie au pire moment.
Pas question de tergiverser. Pour le Premier ministre, Bert De Wever, l’effort budgétaire doit bien être de 10 milliards minimum. Et cela coince fortement au sein de sa majorité sur les moyens pour y parvenir. Le blocage devient dangereux pour l’Arizona, au bord de la crise gouvernementale.
Une réunion annoncée au finish s’est terminée par un flop mercredi en début de soirée. Après le Sommet européen, on reprend en bilatérales vendredi. Mais les nerfs sont soumis à rude épreuve.
“La situation est tendue, on ne va pas se mentir”, a avoué ce jeudi matin Maxime Prévot, vice-Premier des Engagés, expliquant “qu’une chute (du gouvernement) n’est jamais à exclure”.
La Belgique risque l’inertie, en cas de rapport du débat budgétaire et de “douzièmes provisoires” actant l’échec. Elle sera à l’arrêt trois jours durant, les 24, 25 et 26 novembre. Un parfum d’irresponsabilité flotte.
Dix milliards ou rien
Bart De Wever tape du poing sur la table ou menace de se retirer, selon les versions. Toujours est-il que le nationaliste flamand entend bien endosser le costume de Jean-Luc Dehaene, qui avait remis de l’ordre dans le chaos budgétaire dans les années 1990. Sans trembler.
“La barre est fixée à 10 milliards d’euros, ce qui constitue la norme européenne en matière de dépenses, insistait Bart De Wever, mercredi. Nous devons atteindre ce seuil. Il n’a jamais été abaissé. Nous négocierons jusqu’à ce que nous l’atteignions. Sinon, nous finirons par payer des intérêts sur ce que nous n’économisons pas aujourd’hui. Nous devrons alors donner cet argent aux banques, et nous devrons aussi le demander à la population. J’ai été élu pour assainir ce pays. Et c’est ce que je vais faire.”
Le problème, c’est de trouver les moyens d’y arriver. Dans une nouvelle proposition à la limite de la provocation, Bart De Wever a remis l’idée d’une hausse de la TVA et d’une forme de saut d’index. Le MR et Vooruit avaient déjà affirmé leur rejet de ces pistes. Imbuvable, donc.
Vooruit refuse toute idée de toucher à l’index. Le MR s’étrangle de voir les taxes s’accumuler: on parle d’une hausse du taux de la taxe sur les comptes-titres, d’une hausse de la TVA et autres, tandis que le saut d’index malmène les travailleurs. Inacceptable, “contraire à l’accord de gouvernement”.
Il était question de finaliser les réformes en cours (pensions, travail…) avant de reprendre le brûlot budgétaire, mais De Wever s’accroche à l’idée d’un paquet global. Du Dehaene tout craché.
Jusqu’à la rupture?
Pression syndicale
Les syndicats, eux, sont prêts aussi à la rupture avec l’annonce de cette triple grève “historique” des 24, 25 et 26 novembre.
“L’appel de novembre” réclame “plus de justice fiscale avec un impôt sur les grosses fortunes, une taxe sur les activités numériques des géants de la technologie et un examen sérieux des subventions de plusieurs milliards accordées aux entreprises”. Rien que ça.
La Belgique est-elle en voie de “macronisation”, avec comme en France des blocs qui s’opposent et ne s’écoutent plus? Comme notre pays voisin, va-t-elle se fracasser les dents sur un effort budgétaire à accomplir en croissance quasi nulle?
Cette fois, on peut le dire: la fin de semaine sera cruciale.