Bien-être animal dans la Constitution: une majorité alternative n’est pas l’autre
Unanimité francophone, PTB compris, pour la protection des animaux comme “être sensibles”. En Flandre, Open VLD et CD&V s’y opposent, tandis que les nationalistes s’abstiennent. Rien à voir avec le récent vote francophone contesté, mais…
La période des majorité alternatives est ouverte. A l’approche des élections, certains partis se sentent pousser des ailes pour briser la logique des majorités et envoyer des signaux aux électeurs. Tel fut sans conteste le cas de la majorité alternative PS-Ecolo-PTB en Fédération Wallonie-Bruxelles, qui a “corrigé” la réforme de l’enseignement supérieur.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, une autre “majorité alternative” a vu le jour au fédéral pour inscrire le bien-être animal dans la Constitution. Une majorité spéciale, qui plus est. D’aucuns ont pointé du doigt la spécificité de ce vote. Tous les partis francophones ont voté en faveur de cette modification, en ce compris le PTB. Du côté flamand, l’Open VLD et une partie du CD&V a voté contre, tandis que N-VA et Vlaams Belang s’abstenaient.
Unanimité francophone
Photo de son chien à l’appui, Georges-Louis Bouchez, président du MR, s’est félicité: “Liloo et tous les animaux seront mieux reconnus dans notre Pays grâce à l’inscription du bien être animal dans la Constitution. Votée à l’unanimité par le groupe MR, c’est une étape importante dans le combat de nombreux de nos élus pour cette cause.” Pas la moindre mention du vote PTB, alors que le MR avait fortement critiqué l’appui accordé par l’extrême gauche en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Même cause, effets différents? Tous les autres partis francophone ont salué de la même façon cette volonté de “protéger les animaux”, reconnus comme des “être sensibles”. “Ce vote est une victoire importante pour une meilleure protection des animaux, a notamment déclaré Claire Hugon, députée Ecolo. Après le Sénat, la Chambre répond présente à l’appel des 86% de Belges qui souhaitent cette évolution de la Constitution belge.” Il est vrai qu’il n’est pas question d’une majorité bafouant une coalition, comme ce fut le cas pour l’enseignement supérieur, quand PS et Ecolo avait contourné leur partenaire de gouvernement.
Réticences flamandes
Du côté flamand, c’est autre chose: là, il y a bien rupture de majorité. Des positions divergentes ont été développées par Servais Verherstraeten (CD&V) et Vincent Van Quickenborne (Open Vld). Le premier a mis en doute le concept de “stand still relatif”, en vertu duquel le fédéral donne “des lignes de conduite aux entités fédérées”, compétentes pour le bien-être animal. Le second a fait part de craintes quant à la possibilité future d’interdire de consommer de la viande ou même d’écraser une mouche, suscitant l’ire de Kristof Calvo (Groen). CD&V sont en majorité fédérale avec le PS, Vooruit, Ecolo-Groen et le MR.
La N-VA et le Vlaams Belang se sont abstenus. Avec le vote du PTB, c’est ce qui a permis au texte d’être adopté à la majorité des deux tiers. Bienvenue dans une Belgique communiste et fasciste? Sur le fond, on ne peut considérer que ce texte va dans ce sens. Sur la forme, il indique combien les votes des partis extrémistes deviendront une nouvelle donne, a fortiori si leur progression annoncée se confirme le 9 juin.
Toujours est-il que ce vote fera jaser, c’est sûr.
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