Bert Engelaar, le Che Guevara flamand qui bataille contre l’Arizona

Manifestation à Bruxelles, le 13 janvier.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le nouveau secrétaire général de la FGTB, exerce une pression maximale sur Vooruit afin qu’il ne finalise pas l’accord du gouvernement fédéral. Tous les arguments y passent, des mesures sociales inacceptables à la taxation du capital en passant par la politique migratoire. Obtiendra-t-il gain de cause ou est-il résigné alors que le conclave final est en cours? Un accord conclu, précisément, sur la politique migratoire.

En quelques semaines, il s’est fait un nom. Bert Engelaar, nommé secrétaire général de la FGTB flamand (ABVV), est devenu l’empêcheur de tourner en rond de l’Arizona fédérale. Le Che Guevara de Flandre qui lutte contre tous les dérapages du programme gouvernemental en voie de finalisation.

Sa pression maximale sur Conner Rousseau, président de Vooruit, portera-t-elle ses fruits? C’est l’un des enjeux de ce conclave qui se poursuit au finish, à l’Ecole royale militaire, avant que le formateur royal Bart De Wever (N-VA) ne fasse un ultime rapport au palais, vendredi. Cela avance: un accord sur la politique migratoire a été annoncé.

“Le pire recul social”

Bert Engelaar avait déjà mis l’accent sur le caractère inacceptable à ses yeux du programme socio-économique de la future Arizona. Le “pire recul depuis le Pacte social de 1944”, disait-il récemment. “Si le buffet de Bart De Wever reste aussi indigeste, des temps très durs s’annoncent”, clame-t-il. C’est en partie à son insistance que l’on doit les nouvelles “lignes rouges” fixées par les socialistes flamands, depuis le week-end dernier, notamment concernant un lissage de l’indexation des salaires. Une menace de manifestation massive est brandie pour le 13 février.

Le président de Vooruit, Conner Rousseau, s’est présenté à la table du conclave “militaire” sans son habituel conégociateur, Frank Vandenbroucke, mais uniquement avec deux experts, preuve que lui seul déterminera les concessions acceptables. A l’occasion d’un Grand baromètre RTL/Le Soir, fin 2024, il apparaissait qu’une majorité de Belges soutenait la “ligne dure” de Conner Rousseau.

“Discours d’extrême droite”

Bert Engelaar fait feu de tout bois et évoque désormais un autre volet. “Voulez-vous vraiment monter dans un gouvernement où non seulement on reprend le discours de l’extrême droite, mais où on le traduit également en politique?, demande-t-il en s’adressant, à encore, à Vooruit. L’électeur de gauche n’a jamais demandé ça. Nous ne demandions pas le plus petit dénominateur commun avec les partis de droite qui voient la migration comme le mal ultime. Nous demandions un parti qui s’engage pour la solidarité, non seulement à l’intérieur du pays mais aussi au-delà de ses frontières.”

La ligne rouge migratoire est devenue une fracture dans tous les pays. Pour Vooruit, cela prend une connotation particulière suite aux propos racistes tenus par son président, en état d’ébriété, qui lui avaient valu une traversée du désert. Mais la pression du syndicaliste s’est avérée vaine: un accord a été annoncé sur le volet migratoire de l’Arizona, jeudi midi.

Père de quatre enfants, issu d’une famille d’enseignants, ayant fait carrière au service juridique de l’ABVV, Bert Engelaar tient la même ligne forte que le président du syndicat, Thierry Bodson. Une différence de taille: une partie de la gauche flamande pourrait s’allier à un gouvernement “de droite”. Du côté francophone, les trois partis de gauche sont dans l’opposition. “PS, PTB et Ecolo vont mener une opposition féroce et ils auront raison.”

Dans un coin de sa tête, sait-il que cet Arizona verra bien le jour?

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