Belgique: le grand écart de la BCE

Christine Lagarde BCE
Christine Lagarde © Getty Images
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Curieux télescopage. Juste au moment où l’inflation repasse au-dessus de la barre des 4% en Belgique, la gardienne de l’euro abaisse à nouveau le coût du crédit. Explications.

Sans surprise, la BCE a donc à nouveau abaissé le coût du crédit. Hier, la gardienne de l’euro a réduit son taux de dépôt d’un quart de point pour le ramener à 2,75 %. C’est la cinquième baisse de cette ampleur depuis que la BCE a commencé à ajuster ses taux à la baisse à l’été dernier. La décision a été prise à l’unanimité au sein du Conseil des gouverneurs.

Le levier du crédit

C’est que l’évidence est là. L’économie européenne faiblit et a besoin du soutien monétaire. “La crise industrielle continue en zone euro, spécialement en Europe, et les exportations de la zone euro pourraient encore se réduire si la nouvelle administration des États-Unis augmente réellement les droits de douane sur leurs importations issues d’Europe”, soulignait, mardi, l’économiste Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management (Lille), dans une nouvelle note sur les enjeux de politique monétaire de la BCE.

C’est écrit dans tous les manuels d’économie, en effet. Quand l’activité fait grise mine, ce qui est le cas de l’économie européenne, on baisse les taux d’intérêt. Une baisse de taux joue sur l’activité économique par le levier de la demande de crédits bancaires. Un prix plus faible de l’argent peut en effet inciter les entrepreneurs à lancer des activités dont le financement leur paraissait auparavant trop élevé et les particuliers à envisager des projets immobiliers. 

Paradoxe belge

Pourtant, le jour-même où la BCE décide de relâcher encore un peu plus son étreinte monétaire, on apprend aussi que l’inflation belge rebondit de manière assez significative pour repasser au-dessus de la barre des 4 %, contre 3,16 % en décembre. Comment expliquer que les taux d’intérêt baissent alors que l’inflation augmente ? Car c’est aussi écrit dans les manuels d’économie, un taux d’intérêt plus élevé est généralement l’outil monétaire utilisé par les banques centrales pour contenir une inflation en hausse.

On vous dira que la BCE ne se base pas sur les chiffres de l’inflation belge pour prendre ses décisions mais sur ceux qui concernent l’ensemble de la zone euro. Une inflation qui dans la zone euro a augmenté, mais très légèrement pour atteindre en moyenne 2,4% en décembre. Mais comme le souligne Eric Dor, cette moyenne cache une “énorme hétérogénéité entre les pays membres de l’union monétaire”, de 1% en Irlande à 4,5% en Croatie. Certains grands pays ayant déjà une inflation bien inférieure à l’objectif de 2% visé par la BCE, comme l’Italie (1,4%), ou la France (1,8%). 

Bref, “tout cela montre encore une fois, combien il est difficile pour la BCE de définir une même politique monétaire qui soit appropriée pour tous les pays de la zone euro. Certains pays nécessitent encore une politique monétaire restrictive alors que d’autres nécessiteraient plutôt une politique neutre ou même accommodante”, explique Eric Dor. 

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