Bart De Wever reprend les négociations: pour rationaliser ou dépecer l’Etat fédéral?
Le formateur fédéral dispose d’une semaine pour trouver un équilibre au sein de la future Arizona, avant un nouveau rapport royal. François De Smet (DéFI) met en garde les négociateurs francophone: De Wever n’a pas changé.
Bart De Wever était à Paris, ce week-end, pour assister à la petite finale perdue des basketteuses belges face à l’Australie. Dès ce lundi, c‘est un chaudron d’une autre nature qui l’attend: dans la fournaise d’une journée caniculaire, il reprend le fil des négociations pour former un gouvernement fédéral.
Pour débuter, le président de la N-VA mènera des négociations bilatérales avec ses homologues du MR, des Engagés, du CD&V et de Vooruit. Objectif: trouver un équilibre général sur le plan budgétaire, après les vives critiques émanant surtout de Vooruit et des sociaux-chrétiens: pas question de rentrer dans une équipe qui toucherait aux soins de santé et affaiblirait trop l’Etat fédéral.
Il a une semaine pour convaincre: le 19 août, Bart De Wever doit faire un nouveau rapport au Roi, avant de voir sa mission vraisemblablement prolongée… pour autant qu’il n’y ait pas de clash.
Rationaliser… ou dépecer?
La question au coeur de ce bras de fer, c’est évidemment de savoir comment gérer le contexte budgétaire. Ving-huit milliards à trouver sur sept années, pour moitié en économies pures, pour l’autre en effet retour des réformes: c’est écrit. Mais comment y arriver, sans mettre à mal les fondements même de l’Etat fédéral? Idéologiquement, pour la N-VA, ce n’est pas un souci. Misant sur “l’efficacité”, les libéraux francophones peuvent s’y retrouver, sans entrer dans une discussion “confédérale” intolérable.
François De Smet, président de DéFI, avertit dans Le Soir ce mardi: Bart De Wever et les siens n’ont pas changé. “La question n’est plus de savoir si le MR et Les Engagés vont vendre les francophones, mais à quel prix“, clame-t-il.
Et le président d’opposition d’argumenter: “Ils ne vont pas opérer brutalement en exigeant une réforme de l’Etat qui requiert des majorités des deux tiers, mais agir à la suédoise. L’expérience de la suédoise, entre 2014 et 2018, sous Charles Michel, montre qu’il y a plusieurs manières d’affaiblir l’Etat fédéral, en l’occurrence en définançant la justice, la police, la protection civile, les soins de santé… Je m’attends à un scénario de ce style-là. Ils vont essayer de trouver des points de convergence notamment avec les libéraux en expliquant que l’on va définancer une série de services publics, donc affaiblir l’Etat fédéral, et en disant alors, en substance: ‘Vous, les libéraux francophones, vous pourrez vendre ça comme de la rationalisation’.”
Les socialistes francophones ont déjà mis en garde contre une redite de la Suédoise et mettent sous pression leurs homologues flamands. Le président de Vooruit, Conner Rousseau, a déjà exprimé de sérieux doutes.
Plus durs au fédéral qu’en Flandre
Les observateurs flamands donnent du crédit à cette thèse en… évoquant les négociations pour la formation d’un gouvernement flamand, qui reprennent également ce lundi, portée par le N-VA Matthias Diependaele. N-VA, Vooruit et CD&V avancent, mais ont notamment été freiné par des tensions sur le statut de l’enseignement libre, remis en cause par les socialistes.
Mais notre collègue Alain Mouton (Trends) souligne combien laFlandre est également “malade de ses dépenses” sur le plan budgétaire. Or, là, il n’est pas question d’une rationalisation dans la même mesure qu’au fédéral. “Au niveau fédéral, De Wever&co insistent en permanence sur la nécessité d’économiser. C’est moins le cas en Flandre. Pour les nationalistes, c’est simple: pour autant qu’il y ait un Lion flamand, cela peut couter de l’argent.”
CQFD? Il est vrai que c’est la Belgique est redevable de l’état de nos finances publiques face à l’Europe, pas la Flandre ni la Wallonie ou Bruxelles.
Négociations fédérales
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