De retour au pilotage du pays après son safari, le Premier ministre nationaliste est attendu de pied ferme. A son menu: un débat explosif sur Gaza, un bras de fer périlleux sur le budget et des entités fédérées qui préoccupent plus que jamais.
Bart De Wever a profité de l’été. En Afrique du sud, il a notamment pris le temps d’un safari et posé en compagnie de plusieurs éléphants. Message: “Pour faire de la politique, il faut une peau dure. J’ai trouvé quelques recrues”.
Le temps est venu de le démontrer sur la scène belge. Car pendant son temps, l’opposition et la société civile ont appelé à sa présence pour trancher la position belge au sujet de Gaza. Tandis que des comités d’experts planchaient discrètement sur les questions budgétaires, avec un focus particulier sur les entités fédérées.
Le symbole de Gaza
Pour le Premier ministre, les enjeux internationaux seront au dessus de la pile. La négociation sur l’enjeu “guerre ou paix” en Ukraine s’est faite sans lui. Comme une démonstration que la Belgique ne compte plus beaucoup sur le plan diplomatique.
Quant à Gaza, on ne peut pas dire que le monde entier attend la reconnaissance d’un État par la Belgique, mais le débat empoisonne fortement sa coalition.
L’opposition a donc demandé sa présence, en vain, lors d’un débat houleux en commission parlementaires. Au sein de l’Arizona, Vooruit, le CD&V et les Engagés exercent une forte pression pour que notre pays suive la voie tracée par la France en vue d’une reconnaissance à la rentrée.
Mais jusqu’ici, le MR bloque des quatre fers.
L’issue, estiment certains, serait une liberté de vote au parlement comme pour les dossiers éthiques. Place, alors, à une majorité alternative avec le PS (notamment) qui laisserait des traces ou… permettrait d’illustrer la singularité du MR.
Un budget périlleux
Cela étant, le conclave budgétaire de l’automne sera un autre dossier pour lequel le Premier ministre aura besoin de la force des éléphants.
Les réformes socio-économiques doivent encore être finalisées, pour certaines, mais cela ne résout pas l’enjeu budgétaire à court terme. Il s’agit de garder le déficit dans la trajectoire fixée, avec une croissance molle et plusieurs milliards à trouver.
Il s’agit, aussi, de préparer des solutions structurelles pour financer le refinancement de la défense.
En tout état de cause, même si l’on évoque déjà des ventes de participations publiques (Belfius maintenant? Proximus en fin de législature?), cela ne suffira pas: il faudra taxer ou sabrer dans les dépenses.
Dans le même temps, et cela concerne aussi la Belgique, des réunions discrètes ont lieu pour sauver la Communauté française d’une cessation de paiement possible, tandis qu’un facilitateur doit sortir la Région bruxelloise de l’impasse.
Bart De Wever, qui a déjà évoqué la menace d’une mise sous tutelle de la capitale, regardera cela plus que d’un coin de l’oeil.
Une Arizona à préserver
Ajoutez à cela des enjeux de sécurité (les fusillades à Bruxelles) et d’immigration, vous avez un cocktail potentiellement salé pour l’Arizona fédérale.
Le Premier ministre devra aussi composer avec une rentrée politique toujours torride en termes de déclarations et des partenaires parfois sur les nerfs – songeons à Georges-Louis Bouchez et sa polémique de l’été avec la RTBF.
N’oubliez pas d’ajouter un zeste de contestation sociale et des agences de notation dont le verdict est attendu à partir d’octobre.
La peau dure de De Wever et ses nouvelles recrues sera bienvenue.