Bart De Wever poursuit sa formation: réussira-t-il à se détacher de son rôle de président de la N-VA?
Le formateur Bart De Wever voit sa mission prolongée par le Roi. Elle ne sera pas de tout repos en raison d’un contexte budgétaire dantesque. Il devra rassurer “l’aile gauche” de la future Arizona et les francophones.
Le commentaire vient d’un partenaire de la négociation, formulé de la sorte au quotidien De Standaard: le formateur Bart De Wever “ressemble encore un peu trop au président de la N-VA”. Ce mercredi à 19h, le leader nationaliste flamand s’est rendu au Palais pour faire un rapport intermédiaire au roi Philippe. Sa mission a été prolongée, pour un nouveau rapport le 19 août, mais elle ne sera pas de tout repos en raison des sombres perspectives budgétaires. Sous le bras, il a d’ailleurs un projet de trajectoire budgétaire et des promesses de réformes.
Bart De Wever a fait de cette trajectoire budgétaire le coeur des discussions, en plus de la volonté de mettre sur pied un “gouvernement de relance socio-économique”. Il annonçait dans un discours à Anvers, le 21 juillet, que la Belgique faisait face à une “décennie difficile” en raison de la dette, du coût du veillissement et, rappelait le régulateur fédéral cette semaine, de la transition énergétique. Sans oublier la nécessité d’augmenter le budget de la défense. Une quadrature du cercle.
Une “aile gauche” à rassurer
La situation budgétaire constitue la première préoccupation. La Belgique est menacée d’une procédure en déficit excessif par les instances européennes. Des prévisions actualisées du Comité de monitoring présagent de décisions difficiles: à politique constante, le déficit public pourrait atteindre 6,5% du PIB à la fin de la législature.
Or, Vooruit, les Engagés et le CD&V entendent préserver le budget de la santé, l’un des plus gros postes, dont le dérapage est annuel. Bart De Wever devra fixer un cap tout en rassurant cette “aile gauche” du futur gouvernement Arizona.
Conner Rousseau, président de Vooruit, avait affirmé qu’il était prêt à donner une “réelle chance” à cette formation, mais en laissant entendre qu’il serait vigilant: le trublion de la politique flamande pourrait, à tout moment, provoquer des difficultés. D’autant que le PS est hors-jeu et que son président, Paul Magnette, tire déjà à boulets rouges sur la stratégie du MR dans un entretien à La Libre, ce mercredi. Cela concerne surtout les gouvernements wallon et francophone, mais on sait combien la sulfateuse est prête pour le fédéral: le PS accuse la N-VA de vouloir faire de la Belgique “une coquille vide”.
Un institutionnel qui passe mal
Le formateur fédéral a, par ailleurs, mandaté son fidèle lieutenant Sander Loones pour déblayer le terrain institutionnel. Architecte d’une Belgique confédérale, ce dernier a déjà pris des contacts pour tâter le terrain. Et là, c’est du côté francophone que l’on ne savoure guère l’idée de telles réformes.
La N-VA porte l’idée d’avoir des ministres à double casquette entre le fédéral et le régional, pour les compétences gérées aux différents niveaux de pouvoir (emploi, santé, sécurité…). Ce serait un premier pas vers sa vision confédérale: le projet nationaliste consiste en un gouvernement fédéral uniquement composé de ministres issus des entités fédérées. Dans les rangs francophones, au sein du MR et des Engagés, on n’en veut pas.
C’est dire qu’il faudra encore du temps à Bart De Wever pour concrétiser l’essai. Réussira-t-il à fédérer au-delà de ses convictions propres? Son absence remarquée lors du 21 juillet et sa présence à Anvers ce jour-là témoigne d’une sensibilité qui, on le sait, le porte plus naturellement vers “sa” métropole.
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