Alexia Bertrand (Open VLD) cible Bart De Wever et le tabou de la sécurité sociale
La secrétaire d’Etat fédérale au Budget regrette que l’Arizona de centre-droit, en gestation, ne semble pas vouloir s’attaquer aux dépenses sociales en soins de santé. Une façon de se poser en alternative de Vooruit?
La formation du gouvernement fédéral est sur pause jusqu’à la semaine prochaine. Bart De Wever, qui mène les discussions, a demandé un retour politiques des partis concernés: outre la N-VA, le MR, les Engagés, le CD&V et Vooruit. Mais suite à sa première note, des dents grincent au sein des socialistes flamands, certaines sources évoquant “une note pour un gouvernement avec l’Open VLD et sans nous”. Or, les libéraux flamands ont choisi l’opposition après leur débâcle électorale.
Alexia Bertrand (Open VLD), secrétaire d’Etat fédérale au Budget en affaires courantes, prend précisément le contre-pied de cet argument dans un entretien au Soir. Comme s’il s’agissait à la fois de mettre à la N-VA et… de faire une offre de service déguisée pour permettre une vraie politique de centre-droit.
“En soins de santé”
Alexia Bertrand constate que les efforts annoncés par le gouvernement en gestation sont du même ordre que ceux effectués par la Vivaldi lors de la législature sortante. Une différence, de taille: avec les socialistes et les écologistes, cette coalition penchait à gauche, la nouvelle bascule à droite. “Le problème de l’Etat belge, c’est l’ampleur des dépenses, ce que je n’ai cessé de dire, alors ici, j’ose espérer que le gouvernement pressenti, de centre-droit, opérera avant tout dans ce domaine, la réduction des dépenses, bien davantage qu’en recettes“, dit-elle.
Pourtant, à la lecture des fuites relatives à la note de Bart De Wever, elle a comme un doute. “La moitié de l’effort – 14 milliards – viendrait d’économies substantielles ou de nouvelles recettes fiscales ; et l’autre moitié, de la limitation de la croissance des dépenses et des effets retour des réformes structurelles, constate-t-elle. On peut donc tabler raisonnablement sur environ 7 milliards de nouveaux impôts… C’est énorme. En plus, toujours pour ce qui concerne l’effort à consentir, Bart De Wever compte beaucoup, dit-il, sur l’’effet retour’ des nouvelles réformes qui seront engagées, autant dire que c’est du vent… Et, ceci est crucial : ils ne veulent rien faire en soins de santé.”
Ne serait-ce pas casser l’outil? Les sociaux-chrétiens et les socialistes flamands font bloc pour s’opposer à de telles mesures. “Ce n’est ni le détricoter ni toucher aux droits des patients, pas du tout, c’est au contraire pérenniser et renforcer ce système, qui coûte actuellement 20 à 30 % de plus que dans les pays de l’Union européenne qui ont les mêmes qualités de services et de soins, comme l’explique un rapport du FMI qui a été soumis au Parlement, plaide-t-elle. C’est intenable. Ne veut-on pas le voir ? Aujourd’hui, il y a un gaspillage énorme en soins de santé, et Bart De Wever n’en dit plus mot.”
Une offre de services?
Un scénario de blocage avec un Vooruit agressif dans son refus pourrait-il donner lieu à un changement de partenaire potentiel? Alexia Bertrand ne l’évoque pas, soulignant plutôt son espoir de voir le MR “ne pas laisser passer cela” en tant que “vrai” parti libéral, ce que ne serait pas la N-VA.
“Le MR pourra compter sur l’Open VLD depuis l’opposition pour soutenir les mesures que nous avons portées ensemble en campagne électorale, et pour dénoncer ce qui ne sera pas mis en œuvre dans l’intérêt du pays”, conclut-elle. Mais le message est envoyé, tout de même: avec l’Open VLD dans les discussions, cela ne se passerait pas comme ça…
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