Faut-il boycotter Drieu Godefridi, le N-VA wallon? Non, a priori, mais…

Drieu Godefridi, tête de liste N-VA en Brabant wallon. BELGA PHOTO HATIM KAGHAT
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

L’arrivée controversée de la N-VA en Wallonie, avec un candidat très conservateur et ultra controversé, suscite des débats dans les médias. Pro-Trump, pro-Zemmour.  Pourtant, il représente un parti démocratique…

Faut-il boycotter Drieu Godefridi, qui sera tête de liste pour la N-VA dans le Brabant wallon aux élections du 9 juin prochain? La question peut sembler étrange, mais elle anime les médias francophones, notamment en raison des déclarations faites par deux journalistes à la télévision flamande.

La personnalité de cet intellectuel, un moment proche du MR, est en effet controversée et a basculé à droite de la droite, ces dernières années. Il était notamment proche d’Alain Destexhe, qui a quitté le MR pour créer ses propres listes avant de partir en France pour soutenir la candidature d’Eric Zemmour.

Un boycott?

Christophe Deborsu, journaliste politique à RTL et fin connaisseur de la Flandre, commentait dans “De Wereld Vandaag” sur Radio 1 : “Godefridi est une personne très agréable en soi, mais il y a un problème. Depuis sept ans, il n’est plus le bienvenu dans les émissions des médias francophones parce qu’il est trop à droite. C’est aussi un ‘climato-sceptique’ pour ne pas dire ‘climato-négationniste’.”

Et d’ajouter: “Il est pro-Trump. Il penche aussi vers le polémiste français d’extrême droite Éric Zemmour sans le soutenir ouvertement. Il sème beaucoup de doute sur ce qu’il représente vraiment. Aux yeux des médias francophones, il relève du cordon sanitaire”.

Chez RTL et à la RTBF, les services juridiques se penchaient sur la question de savoir s’il sera possible de lui donner la parole, en vertu du cordon médiatique qui est de mise contre l’extrême droite.

La personnalité de cet intellectuel faisait également grincer à La Libre: selon son rédacteur en chef, Dorian de Meeus, “Godefridi est très radical et conservateur”. Et d’ajouter: “Ces dernières années, il s’est radicalisé sur de nombreux sujets. Il s’est prononcé en faveur d’une coalition avec le Vlaams Belang et il déteste les écologistes. Il faut être conscient que Bart De Wever a recruté une tête de liste en Wallonie qui n’est pas pour l’indépendance de la Flandre. C’est incompréhensible. La N-VA tente cyniquement d’affaiblir le MR en Wallonie. Je n’ai pas d’autre explication.”

Au MR, d’aucuns le qualifient de “fou” ou ont rompu avec lui: son positionnement ultra-libéral était partagé par certains, plus ses positionnements sur les thématiques sociales ou les vaccins, notamment. Lousi Michel n’a pas hésité à le fustiger: “C’est un extrémiste radical de la droite ultra non-démocratique. C’est quelqu’un d’impraticable pour la démocratie. Tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a dit le situe à l’extrême-extrême droite. C’est un farfelu qui a fait des études.”

“Et ceux qui sont très à gauche?”

En Flandre et singulièrement à la N-VA, faut-il le dire, cela fait jaser. “Refuserait-on d’inviter quelqu’un parce qu’il est ‘très à gauche’?“, ironise Siegfried Bracke, ancien journaliste politique de la VRT et ex-président N-VA de la Chambre.

La pensée unique de gauche en Wallonie est étouffante, clame Theo Francken, ancien secrétaire d’Etat et député N-VA. Je me souviens d’une conférence à Verviers où la bourgmestre PS et la FGTB menaient le meute rouge et crachaient sur nous. J’avais été évacué. Drieu Godefridi est un intellectuel et un faiseur d’opinions. Et alors? Est-ce interdit? Le communiste Hedebouw est reçu toutes les semaines avec tous les égards par la RTBF et le représentant d’un parti qui domine la Flandre depuis vingt ans ne pourrait pas s’exprimer à la RTBF?”

En tout état de cause, la N-VA voulait obtenir un maximum de publicité et polariser le débat: c’est réussi!

Dès le moment où un responsable politique représente un parti reconnu comme étant démocratique et non d’extrême droite, ce qui est le cas de la N-VA jusqu’à nouvel odre, n’est-il pas en droit de s’exprimer? S’il dérape ou franchit des lignes rouges, il existe des lois pour s’y opposer devant la justice.

Une certitude, toutefois: le choix de la N-VA va peut-être ouvrir une nouvelle ère en Belgique francophone.

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