Faire appel à des immigrants? Oui, mais qualifiés

Chauffeur routier, un métier actuellement en pénurie. © Freepik

La Flandre compte actuellement 210.000 chômeurs, pratiquement pour moitié faiblement qualifiés. Et si l’on commençait par former ceux-là, propose la ministre de l’Emploi Zuhal Demir ?

Le problème paraît d’autant plus urgent que ce nombre est appelé à croître assez rapidement pour deux raisons majeures : un ralentissement mondial de l’économie d’une part, la limitation du chômage dans le temps d’autre part. Bref, estime la ministre de l’Emploi, la Flandre compte – et comptera – suffisamment de demandeurs d’emploi pour ne plus faire massivement appel à des travailleurs d’origine non européenne.

L’an dernier, 19.000 single permits – permis uniques à durée limitée qui combinent autorisation de travail et de séjour – ont été accordés par la Flandre. Un record absolu, mais qualitativement peu adapté aux besoins d’une économie basée sur la connaissance dont le gouvernement flamand entend accélérer tant la productivité que la compétitivité en jouant, notamment, sur le capital humain. Entre 2019 et 2024, la proportion d’immigrants hautement qualifiés est en effet tombée de 69% à 36%. D’où la volonté du gouvernement flamand d’inverser cette tendance avec la création d’une fast lane chargée de traiter en priorité les demandes relatives à des personnes hautement qualifiées dont le dossier devrait être bouclé en 15 jours contre deux à trois mois auparavant.

Entre 2019 et 2024, la proportion d’immigrants hautement qualifiés est tombée de 69% à 36%. D’où la volonté du gouvernement flamand d’inverser cette tendance.

Permis et diplôme

En contrepartie, les exigences seront plus sévères. Le permis ne sera plus accordé que pour les fonctions qui exigent un diplôme de l’enseignement supérieur. Une exception sera toutefois consentie pour les membres du personnel soignant qui, en attendant la reconnaissance de leur diplôme étranger, acceptent une fonction moins qualifiée dans le secteur des soins. Des contacts seront pris dans ce cadre avec le National Academic Recognition and Information Center (Naric) afin d’accélérer ce type de procédure.

Pour les fonctions moyennement ou peu qualifiées, le coup de frein sera brutal. La Flandre compte actuellement 58.000 offres d’emploi non satisfaites, et pour la ministre flamande, notre devoir est de former en priorité nos propres chômeurs, y compris dans des secteurs difficiles tels la construction où un tiers des 17.000 offres d’emploi restent actuellement ouvertes ou des métiers considérés comme étant en pénurie, tels les chauffeurs routiers.

Former nos propres chômeurs

“Nous disposons des formations nécessaires, y compris pour des métiers considérés comme étant en pénurie, insiste Zuhal Demir. Fin avril, rappelait-elle dans l’émission Terza sur les antennes de la VRT, “il manquait 518 chauffeurs routiers et 580 personnes étaient intéressées par ce type de formation”.

Les employeurs sont dès lors invités à rechercher activement les candidats qui leur conviennent sur les marchés intérieur et européen. Se contenter, comme c’était hier encore le cas, d’ouvrir un poste vacant auprès du VDAB et de son pendant européen (EURES) pendant au moins neuf semaines au cours d’une période de quatre mois précédant immédiatement la demande, reste une exigence minimale, mais “en elle-même insuffisante”, précise la note conceptuelle (Conceptnota) introduisant ce nouveau train de mesures.

Guillaume Capron

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