Et si on abolissait les certificats médicaux?
Si nous voulons avoir un accès rapide et facile à un médecin généraliste à l’avenir, des changements radicaux sont nécessaires. Au cours des derniers mois, l’association flamande des médecins généralistes, Domus Medica, ainsi que quelque 650 médecins généralistes ont apporté leurs idées sur l’avenir de leur profession.
Selon le nouveau rapport sur la médecine généraliste en 2030, sur lequel Domus Medica se base, la pénurie de médecins généralistes ne fera que s’aggraver dans les années à venir. Jusqu’en 2026 ou 2027, le nombre de médecins généralistes à temps plein continuera de diminuer, car les départs à la retraite seront plus nombreux que les arrivées dans la profession. De plus, de nombreux médecins généralistes plus âgés (qui prendront bientôt leur retraite) travaillent 70 à 80 heures par semaine alors que parmi la relève de la jeune génération, nombreux sont ceux qui préfèrent désormais combiner leur travail avec leur famille. Ce qui de facto signifie qu’ils travaillent moins d’heures et sont donc moins disponibles pour les patients.
Sus au certificat médical
Et si on abolissait les certificats médicaux ? C’est un des souhaits de Domus Medica, du moins en ce qui concerne les certificats médicaux qui couvrent les incapacités de travail pour de courtes absences. Une suggestion relayée lundi par la Gazet van Antwerpen et le Belang van Limburg.
Mais pourquoi demander cette suppression ? Pour Roel Van Giel, président de Domus Medica, ce certificat n’a aucune valeur ajoutée médicale. “De plus, un certificat ne sert pas à grand-chose”, explique Roel Van Giel dans les pages de Het Nieuwsblad. “Supposons que quelqu’un ait fait la fête toute la nuit, mais qu’il se rende chez un généraliste le matin et dise qu’il ne peut pas aller travailler parce qu’il est resté assis sur les toilettes toute la nuit à cause d’une grippe intestinale. Nous ne pouvons simplement pas vérifier cela. Nous prescrivons alors un certificat parce que nous supposons que le patient dit la vérité, mais nous n’en avons aucune preuve. Cette attestation n’a donc aucune valeur ajoutée médicale.”
“Nous devons seulement établir ce certificat à cause de l’absence de confiance entre l’employeur et l’employé. Lorsque je m’entretiens avec des organisations professionnelles comme Voka et la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) à ce sujet, on me répond que ce certificat est nécessaire, car, sinon, les employés pourraient tout simplement rester chez eux. Mais la plupart des travailleurs ne veulent pas du tout gruger le système.”
Et de souligner justement qu’en Suède, ce type de certificat médical a été supprimé : “Les recherches ont montré que les absences de courte durée ont diminué dans ce pays depuis lors. Aux Pays-Bas, d’ailleurs, un tel certificat n’est pas non plus nécessaire pour l’employeur. Si nous parvenons à nous débarrasser de cette attestation en Belgique également, les employeurs seraient davantage encouragés à entamer un dialogue avec leurs employés, et les absences futures pourraient être évitées grâce à une bonne conversation.”
Et les autres suggestions
Outre la suppression du certificat médical pour les absences de courtes durées, Domus Medica milite pour la suppression d’autres documents, tels que le certificat médical, remis à la crèche ou l’école maternelle, et indiquant les médicaments qui doivent être pris par un enfant en bas âge. “Supposons que votre bambin doive prendre des médicaments. Il faut alors un certificat médical distinct pour l’administrer à la crèche ou à l’école. En fait, c’est aussi une conséquence du manque de confiance dans les parents”, déclare Roel Van Giel.
Il ne se fait pas d’illusions. “L’abolition de ces certificats sera un travail de longue haleine, car nous vivons dans une société très administrative. Nous devrons éliminer le certificat par le certificat”, ironise le médecin.
Outre la suppression des certificats médicaux superflus, l’association flamande des médecins généralistes suggère également qu’une nouvelle formation soit dispensée aux assistants travaillant dans un cabinet de médecine générale. “Je pense à un cours d’une année supplémentaire après l’école secondaire, précise le président de l’association. Ces assistants peuvent, par exemple, effectuer des prises de sang, des injections ou le suivi de patients diabétiques. En en faisant une formation spécifique, nous ne ferons pas obstacle à la formation plus longue que suivent les infirmières, une profession qui connaît déjà une énorme pénurie.”
Une troisième suggestion est d’acquérir le bon réflexe d’appeler le numéro d’urgence 1733 le week-end et la nuit avant de se rendre aux urgences ou de débarquer chez son généraliste. “À terme, pour les cas ne mettant pas la vie en danger, le réflexe d’appeler d’abord le 1733 et de se rendre ensuite au service d’urgence de l’hôpital ou au service de garde du généraliste devrait devenir logique” espère le médecin généraliste.
Enfin, un stage chez un généraliste devrait également redevenir obligatoire. Il l’était jusqu’à il y a quelques années. “Mais cette obligation a été supprimée parce que trop peu de médecins généralistes y étaient ouverts. Il serait bon de réintroduire cette obligation. En raison de la situation d’urgence dans laquelle se trouve notre profession, de nombreux généralistes y seront ouverts en ce moment. Si les étudiants entrent en contact avec la profession de généraliste pendant leurs études de médecine, beaucoup plus de jeunes choisiront cette profession. À long terme, nous pouvons limiter la pénurie de cette façon, conclut Roel Van Giel.
(source Belga et Het Nieuwsblad)
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