Entretien exclusif: Alexander De Croo, entre priorités économiques et pause environnementale
Le Premier ministre expose ses priorités dans un long entretien à Trends Tendances, en librairie ce jeudi, en vue de la présidence belge de l’Union européenne. Le marché intérieur et la réindustrialisation en haut de la liste.
Alexander De Croo, Premier ministre, publie en cette fin d’année un livre qui se veut optimiste pour la Belgique: Le meilleur reste à venir / Waarom het beste nog moet komen. Le locataire du Seize a également préfacé le livre du professeur Marc De Vos, L’Europe superpuissance / Europa Groot macht (éd. Erstberg), qui évoque la vertigineuse évolution de la construction européenne, ces dernières années. Les deux hommes ont longuement débattu pour Trends et Trends Tendances, un entretien publié ce jeudi dans nos deux magazines.
Alexander De Croo insiste sur les priorités économiques pour la présidence belge de l’Union européenne: “Il y a deux priorités pour la présidence belge de l’Union européenne, qui débute le 1er janvier, nous dit-il. Tout d’abord, une extension du marché commun européen. Jacques Delors a fait un travail incroyable à ce sujet, mais c’était il y a trente ans: le monde et l’économie ont changé depuis lors. La deuxième priorité, c’est la politique industrielle. Sur ce point-là, beaucoup de choses se passent notamment aux Etats-Unis.”
Le Premier ministre met en garde: “Il est clair que si la désindustrialisation de l’Europe se poursuit, cela nous coûtera cher en bien-être, en emplois, mais aussi en poids géopolitique”.
Son leitmotiv? “A côté du Green Deal, nous devrions avoir une sorte de Clean Industry Act pour aider notre industrie à atteindre ses objectifs. Je serais le dernier à dire qu’il faut réduire nos objectifs en matière d’émissions de CO2. Mais, pour le reste, j’ai eu l’occasion de dire il y a six mois qu’il faut faire une pause dans les autres domaines: tout le monde était fâché sur moi, mais je persiste à le dire. L’Europe doit définir ses priorités. Aujourd’hui, notre industrie, nos PME, notre population ont compris qu’il fallait tout faire pour diminuer radicalement nos émissions. Mais si vous ajoutez à cela la biodiversité, la suppression de produits chimiques ou la restauration de la nature, vous allez mettre votre priorité sous pression. Il faut choisir.”
Alexander De Croo évoque encore la nécessité de renforcer les moyens de l’Union européenne via un impôt européen. Il plaide en faveur d’une défense européenne et met en garde contre un élargissement trop rapide de l’Union.
Un entretien à ne pas manquer.
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