Entre coalitions des perdants et débauches d’élus, les lendemains de l’élection sont tendus
Les citoyens y perdent leur latin. A Schaerbeek, le MR revendique le maïorat après avoir débauché un élu. A Ixelles ou Tournai, le premier parti est contourné par ceux qui le suivent. En Région bruxelloise, le PS a pris le dessus sur le MR dans de dures négociations. A Nivelles et à Wavre, le MR est contourné. Lendemains de veille.
Lors des élections, le vote des citoyens représente le premier tour, démocratiquement important. Mais les négociations de la nuit et des lendemains comptent tout autant, si pas plus, dans notre pays au système politique proportionnel et compliqué.
Plusieurs communes importantes témoignent de cette capacité à renverser la table ou à maximaliser les possibilités démocratiques, selon le point de vue.
Bras de fer MR-PS
A Schaerbeek, après l’effondrement de la liste du bourgmestre Bernard Clerfayt (DéFi), le paysage est morcelé comme jamais. Le PS est arrivé en tête, mais il s’agit d’une victoire à la Pyrrhus: il est à égalité de sièges avec le cartel MR/Engagés. Aux socialistes le maïorat? Le MR revendique désormais le poste après avoir… débauché Sait Köse, ancien échevin schaerbeekois, qui a été élu sur la liste de Georges Verzin. Un coup de poker, alors que le PS négocie déjà.
Pour le MR, il s’agit de sauver les apparences car aux bons résultats du scrutin ont succédé des négociations plus difficiles et, surtout, un aveu de faiblesse face au PS. Tant à Anderlecht qu’à Ixelles, les libéraux ont cédé le poste de bourgmestre à un socialiste, alors qu’ils étaient en droit de le réclamer. La faute à un risque d’isolement et aux menaces faites par le PS de se trourner vers d’autres partenaires, dont le PTB. A la Ville de Bruxelles, le MR a obtenu des compétences ‘mineures” face au PS de Philippe Close: bien-être animal, participation citoyenne, sports… en plus du CPAS. A Molenbeek, Catherine Moureaux va négocier avec la gauche radicale.
Cette pression socialiste viendrait d’une “erreur” du MR: rapidement, les libéraux ont annoncé un accord avec Ecolo à Watermael-Boitsfort où leur chef de file régional, David Leisterh, devient bourgmestre.
Coalition des “perdants”
Le cas d’Ixelles a, lui, fait couler beaucoup d’encre. Ecolo y a perdu son dernier maïorat, malgré la courte victoire du bourgmestre sortant, Christos Doulkeridis. Romain De Reusme sera le prochain homme fort de la commune bruxelloise, après un accord avec le MR et les Engagés, alors que le PS n’est que le troisième parti. “Je ne fanfaronne pas”, confie-t-il à BX1, lui qui était en majorité avec Ecolo. Doulkeridis, dégoûté, parle de “lutte des places” et se retire de la vie politique: “J’ai ma dignité.”
Mais Ecolo n’a-t-il pas déjà pratiqué ce “contournement” à de nombreuses reprises par le passé? Et ne le fait-il pas encore à Tournai? La MR Marie-Christine Marghem y devient bourgmestre en contournant le bourgmestre sortant, Paul-Olivier Delannois (PS) arrivé pourtant bon premier, en s’associant aux Engagés et… à Ecolo. Le socialiste parle de “prostitution”, lui dont le parti pratique pourtant de la sorte à Ixelles.
Bref, on se donne des coups et on en rend.
Le MR chassé de Wavre
Les coalition “miroir”, c’est-à-dire reflétant au niveau communal la dynamique à l’oeuvre au niveau régional, ne se concrétisent donc qu’en certains endroits. A Namur, par exemple, où le tout triomphant Maxime Prévot (Engagés) va négocier avec le MR.
A Wavre, par contre, les Engagés s’allient au PS et à Ecolo pour mettre le MR dans l’opposition, dans une ville tout de même symbolique, celle de l’ancien Premier ministre, Charles Michel. A Nivelles aussi, PS, Engagés et Ecolo se sont alliés contre le MR pour obtenir un stop immobilier.
Les réalités locales, les tensions personnelles et les stratégies de partis se conjuguent pour faire des lendemains d’élections de “sales” moments. Où les citoyens y perdent souvent leur latin.
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