Lire la chronique d' Amid Faljaoui
Energies fossiles: la pollution est au sud et les Ecolos au nord
Les prix du gaz n’arrêtent pas de flamber. Ils sont même à des niveaux records en Europe. Sur la bourse de référence néerlandaise, le prix d’un mégawattheure de gaz est passé de 17 euros à plus de 70 euros aujourd’hui.
Interrogé par mes confrères du quotidien économique L’Echo, un opérateur indique que c’est une situation inédite. Il ajoute même que les prix de gros de l’électricité ont triplé. Pire, ils sont aujourd’hui si élevés qu’il est devenu très risqué pour ce genre d’opérateur de proposer des prix fixes à ses clients. Il a raison d’être prudent, car en Grande-Bretagne 7 fournisseurs d’énergie ont déjà mis la clé sous le paillasson laissant 1,5 million de ménages britanniques à la recherche d’un autre fournisseur. A Liège, c’est la faillite récente d’un petit fournisseur qui force aujourd’hui 3000 clients professionnels à chercher une solution de rechange. Quant à BASF, le groupe chimique basé à Anvers, il a dû réduire sa production d’ammoniac à cause de l’impact trop important de la hausse du prix du gaz sur ses activités.
Les particuliers seront bien entendu aussi impactés surtout si l’hiver se montre rude comme certains le prévoient. Le commissaire européen Thierry Breton estime que 35 à 36 millions d’européens sont d’ores et déjà mis en difficulté par la hausse des prix du gaz.
La faute à qui ? Quand quelque chose dérape, faut bien trouver un coupable, non ? Réponse : à l’Asie où la reprise est très dynamique et a fait exploser la demande de gaz en Chine et en Corée du sud. Et comme les pays exportateurs de gaz naturel liquéfié ont d’abord envoyé leurs cargaisons en Asie, l’Europe est aujourd’hui à la traine pour trouver sa place dans les circuits de livraison. La demande explose donc au moment où l’offre a de grosses difficultés. En effet, les installations gazières européennes ont des difficultés techniques. Quant à la Russie, qui nous livre énormément de gaz, elle est soupçonnée de réduire délibérément ses exportations pour pousser son gazoduc Nord Stream. Celui-ci est très controversé et très critiqué par les Américains, car il va faire augmenter drastiquement la dépendance de l’Allemagne, dont de l’Europe, à l’égard de la Russie.
Que faut-il retenir de tout cela ? Que cette hausse du prix du gaz est un souci bien entendu, mais un “bon” souci, car elle signifie que l’économie tourne à plein régime. Mieux vaut gérer ça que des économies en récession et des entreprises en faillite. Autrement dit, c’est un “bon problème”. Ensuite, cette crise montre que les énergies fossiles pétrole, gaz, charbon sont encore, hélas, très demandés. Surtout par l’Asie, car l’Europe a réussi à diminuer sa dépendance, pas assez, c’est vrai, mais la direction prise est la bonne. Ce qui fait dire à certains esprits facétieux que la pollution est au sud et les Ecolos au nord !
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