Energie: le maillon faible du gouvernement, ce sont les présidents de partis
“Le maillon faible, c’est le gouvernement”, dit Georges-Louis Bouchez (MR). Alors que les réponses à la crise énergétique restent trop faibles, ou dépendent de l’Europe, les formations de la majorité s’étripent en public. Est-ce vraiment le bon signal?
Il y a des moments, à vrai dire, où l’on se demande comment Alexander De Croo (Open VLD), Premier ministre d’une coalition à sept, fait pour tenir le coup face aux bisbrouilles au sein de son équipe. Ou, du moins, face aux disputes importées en marge de celle-ci par les présidents de partis.
Ce mercredi 19 octobre au matin, une semaine après la déclaration de rentrée du premier à la Chambre et un accord budgétaire acquis de haute lutte, c’est reparti comme en quarante. Georges-Louis Bouchez, président du MR, se lance sur LN24 dans une pique dont il a l’habitude, sans doute pour titiller ses partenaires et les forcer à avancer sur l’avenir du mix énergétique belge et le sacro-saint dossier, éminemment symbolique, du nucléaire. “Le maillon faible, c’est le gouvernement”, lance-t-il.
Plus précisément, le président libéral regrette la lenteur des négociations avec Engie sur la prolongation de deux réacteurs nucléaires, qui auraient dû aboutir à la rentrée: “Il faudrait déjà commencer ces négociations. Aujourd’hui, il y a eu des discussions en tout genre mais il n’y a pas eu de véritables négociations. La ministre de l’Energie (Tinne Van der Straeten, ndlr) est devenue un problème, ça c’est une évidence.”
“Je réalise à quel point aujourd’hui le gouvernement n’est pas à la hauteur de l’enjeu”, ajoute-t-il “S’il n’y a pas d’avancée décisive d’ici la fin du mois d’octobre, nous mettrons le pays dans de graves difficultés sur le plan énergétique.” Alors si le gouvernement est le maillon faible, c’est parce qu’il ne parvient pas à obtenir une position claire et unanime.
MR, PS, Ecolo: d’une pique à l’autre
Ce qui n’est pas faux. Mais les sorties des présidents de parti n’y sont pas pour rien.
Régulièrement ulcéré par les sorties de Bouchez, mais sans être en reste en guise de répartie, le secrétaire d’Etat PS, Thomas Dermine, rétorque: “Le maillon faible, c’est un Président de parti qui étale son impuissance et flingue le Gouvernement auquel il participe.”
Facétieux, un internaute lui rappelle… que le premier à avoir critiqué le manque d’action décisive du gouvernement dans les négociations avec Engie n’est autre… que le président du PS, Paul Magnette.
Gilles Vanden Burre, chef de groupe Ecolo à la Chambre, n’est pas le dernier en reste à s’irriter de l’attitude de son collègue libéral: “Les outrances du Président du MR dépassent chaque jour de nouvelles limites. Flinguer un gouvernement dans lequel son parti occupe des postes clés est irresponsable: c’est nourrir l’anti-politique et le populisme. Un stage d’observation en Italie ou en Suède s’impose-t-il?” Deux pays où l’extrême droite est ou soutient le pouvoir.
Réplique du principal intéressé: Gilles, au lieu de t’agiter, fais bosser tes ministres pour que la Belgique ne se retrouve pas dans le noir. Le MR est bien seul à se battre depuis trop longtemps. Alors tes gesticulations sont bien sympathiques pour le petit monde mais ne servent à rien.”
L’échange fait suite à un débat télévisé, à la RTBF, au cours duquel Georges-Louis Bouchez et Paul Magnette s’étaient littéralement hurlés dessus au sujet des réformes socio-économiques nécessaires pour le pays, face à un Jean-Marc Nollet, coprésident d’Ecolo, visiblement consterné.
C’est feu Wilfried Martens, ancien Premier ministre CVP, qui le disait en son temps: pour avoir un gouvernement solide, il convient d’embarquer les présidents de parti en son sein. CQFD.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici