Ecolo, MR, le revenu universel et la “grande nurserie”
Le débat sur les inégalités ne fait que commencer. La crise sanitaire est passée par là, et elle va laisser pas mal de monde sur le carreau. Bien entendu, la manière de sortir une partie de la population de la pauvreté se posera de manière très aigue au cours des prochaines années.
Chacun sait ou croit savoir qu’après une reprise très forte après la sortie de la pandémie, notre croissance reviendra ensuite à un niveau plus faible. De plus, avec la digitalisation et l’arrivée de l’intelligence artificielle, de nombreux boulots de cols blancs – cadres moyens et supérieurs – risquent de disparaître sans savoir s’ils seront remplacés par d’autres.
Raison pour laquelle, certains politiques reviennent régulièrement avec l’idée d’instaurer un revenu universel. Pour les quelques distraits qui n’en auraient pas entendu parler, il s’agit de verser une allocation chaque mois à tous les citoyens sans distinction et sans obligation de travail.
Pareil revenu de base remplacerait toutes les autres allocations sociales du genre chômage, pensions, allocations familiales, bourses d’études, etc. En tout cas, c’est une thèse défendue à gauche et à droite. Le parti Ecolo est sorti du bois récemment en proposant de donner 300 à 400 euros par mois à chaque jeune, mais l’idée a aussitôt été écartée par le gouvernement.
Plus récemment encore, à l’occasion d’un débat public, Georges-Louis Bouchez, le président du MR a relancé cette idée qu’il défend avec force depuis des années. Et c’est vrai que tant à gauche qu’à droite, cette allocation universelle a pas mal de partisans et les conséquences sociales désastreuses du covid-19 ont bien entendu relancé le débat. Avec un argument supplémentaire à la clé : nous avons tous en quelque sorte déjà goûté au revenu universel via le chômage corona qui a été mis en place durant le confinement. N’avons-nous pas été payés sans rien faire ? La seule différence, c’est que nous avons profité de cette allocation universelle “à l’insu de notre plein gré”, comme on dit.
En revanche, du côté des anti-revenu universel, les arguments ne manquent pas non plus. Evoquons d’abord un aspect moral : ce serait la première fois dans l’histoire qu’on paie des personnes sans devoir travailler, et donc le danger, c’est de dévaloriser la valeur travail dans notre société qui n’a pas besoin de ce coup de massue à une valeur centrale.
Ensuite, il y a le coût budgétaire de cette mesure même si une bonne partie de cette allocation universelle ne ferait que remplacer d’autres aides sociales existantes. Et puis d’autres penseurs se méfient de tout ce qui instaure une dépendance illimitée des citoyens vis-à-vis du pouvoir.
Ceux-là se réclament de l’un des meilleurs penseurs politique de tous les temps, à savoir Alexis de Tocqueville qui écrivait – il y a presque deux siècles – que “le plus grand soin d’un bon gouvernement devrait être d’habituer peu à peu les peuples à se passer de lui. Bref, le contraire de l’actualité politique de ces 50 dernières années et qui donne à penser que nos politiques ont transformé la Belgique, en “grande nurserie” avec des citoyens obligés de se réfugier dans les jupes de l’Etat à chaque souci.
D’autres reliront aussi avec délectation Etienne de la Boétie qui s’étonnait de voir les masses crédules louer la charité ponctuelle des tyrans. “Elles ne comprenaient pas que leur générosité provenait de la prédation qui la précédait” écrit encore Ferghan Azihari dans le Figaro. En clair, selon lui, l’idée du revenu universel ne serait qu’un nouveau récit – nouvel “attrape nigaud” en termes simples – pour acheter le consentement des peuples à la confiscation fiscale et sociale de l’Etat spoliateur. Les arguments des uns et des autres étant posés, à vous de choisir votre camp, camarades !
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