L’annonce de droits de douane à 100% sur le secteur pharmaceutique ne doit pas toucher l’Europe, protégée par l’accord conclu par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission. “Si Trump ne le respecte pas, nous montrons les dents”, dit David Clarinval (MR). Le secteur, lui, se montre “vigilant”. Il s’agit d’un enjeu de 120 milliards!
“Tout le monde a proclamé que l’accord conclu par Ursula von der Leyen avec Donald Trump sur les droits de douane était un mauvais accord. Moi, je l’avais défendu. C’est le meilleur accord que nous pouvions atteindre dans les circonstances actuelles.” David Clarinval, vice-Premier ministre MR, persiste et signe après l’annonce faite par le président américain de droits de douane à 100% sur le secteur pharmaceutique à partir de ce 1er octobre, sauf si les grandes entreprises installent leur production aux Etats-Unis.
Pour rappel, l’accord conclu par la présidente de la Commission européenne garantit des droits de douane à 15% pour tous les produits de l’Union exportés aux Etats-Unis. Un bouclier. Le taux est bien moindre que celui qui prévaut pour des pays comme la Suisse, le Japon ou la Corée. “Je reviens du Japon, là-bas, ils sont défaits“, dit David Clarinval, qui intervenait lors d’un colloque sur la réindustrialisation organisé par le Centre Jean Gol et le Cercle de Wallonie Bruxelles.
Ce taux de 15% devrait donc prévaloir aussi pour ce secteur crucial pour la Belgique. Même si le flou, on le voit, persiste, faute d’accord écrit clair.
“Montrer les dents”
“Si Donald Trump impose, comme il en a l’intention, une taxe de 100 %, alors nous ne pourrons pas rester sans réagir“, prolonge David Clarinval.
Mais encore? “Un accord a été conclu, il doit être respecté. Si Trump décide de passer à 100 % comme il le fait pour d’autres pays, nous allons devoir renégocier, et cette fois, il faudra montrer les dents. Il est hors de question d’accepter une telle remise en cause d’un accord dans un secteur aussi stratégique que celui des médicaments”.
Certains pays européens, dont la France, avaient plaidé pour une attitude plus agressive face à la guerre commerciale décrétée par Donald Trump.
Interrogé sur la notion d’autonomie stratégique, David Clarinval a souligne que pour un libéral, l’idée pouvait “donner des boutons” car le libre échange doit rester de mise. Mais il s’agit, désormais, de se battre précisément contre la déloyauté de géants comme la Chine ou les Etats-Unis. Voilà un bel exemple.
Un enjeu de 120 milliards
Xavier Hormochea, Managing Director d’UCB, évoque l’enjeu majeur que cela représente et s’appuie sur l’avis du secteur. “Je me réfère à la position sectorielle à la fois belge et européenne, dit-il. En tant que secteur pharma, nous avons environ 120 milliards d’exportations vers les Etats-Unis au départ de l’Europe. L’Irlande, c’est 44 milliards et la Belgique 20 milliards. L’enjeu est important.”
Dans ce domaine, on n’a jamais vraiment connu de barrière dans les échanges commerciaux, poursuit-il. “Nous pensons, en tant que secteur, que les barrières sont un point d’attention par rapport à notre capacité d’apporter nos solutions aux patients. Nous sommes vigilants et nous espérons que les négociations permettront de nous préserver.”
Des propos très diplomatiques, pour l’instant.