Diana Nikolic (MR): “Il est temps que le Parlement retrouve pleinement son rôle démocratique”
En Wallonie, un panel citoyen va se pencher sur les enjeux climatiques. Très bien, mais il faudra y associer le Parlement, dit la vice-présidente de la commission Climat du Parlement wallon.
1. Le gouvernement wallon va charger un panel de 50 citoyens de formuler des propositions afin de répondre aux enjeux climatiques. Formuler de telles propositions, n’est-ce pas le rôle de base du Parlement?
Je n’ai aucun mal avec le principe de consultation citoyenne, qui est d’ailleurs inscrit dans la déclaration de politique régionale. Le Parlement n’y a pas été associé à ce stade, j’espère qu’il le sera plus tard pour l’accompagnement et les arbitrages. Le processus ne doit pas rester uniquement entre le panel et le ministre ou le gouvernement. La question de la place du débat parlementaire se pose déjà avec acuité à propos de la gestion de la crise liée au Covid-19. Qu’on demande directement leur avis aux citoyens, c’est très bien. Mais il faut aussi un espace de discussion pour que les députés puissent comprendre les propositions, les challenger, les amender. Le panel citoyen ouvre une porte intéressante mais il ne faut pas que ce soit un processus démocratique à côté du Parlement. Il est temps que le Parlement retrouve pleinement son rôle démocratique.
2. Le Parlement s’est-il engagé à reprendre les propositions du panel citoyen?
Je vous l’ai dit, à ce stade, il n’y a eu aucune discussion. Mais je veux regarder le verre à moitié plein: comme rien n’a été fixé, rien n’empêche la commission Climat de se saisir de l’une ou l’autre proposition, de les creuser. Le ministre Philippe Henry dit attendre des réformes disruptives. De telles réformes entraînent toujours des mobilisations contre le changement. Qui va alors assumer devant l’opinion, qui va porter la responsabilité des décisions qui seront prises?
Je regarde à nouveau le verre à moitié plein: ce processus peut aider les citoyens à comprendre combien il est compliqué de réconcilier toute une série de secteurs ou d’acteurs autour d’une décision. Ils réaliseront qu’on ne change pas les choses d’un coup de baguette magique. Et j’ai envie de faire confiance à leur créativité pour développer des propositions qui ne soient pas pénalisantes.
3. La France a aussi organisé une consultation citoyenne sur le climat. Ce panel wallon, aujourd’hui, n’est-ce pas simplement suivre l’influence du grand voisin français sur notre vie politique?
Non, le besoin de retrouver un lien plus direct avec les citoyens, c’est quelque chose qui vit dans beaucoup de démocraties. Chez nous, la Communauté germanophone a innové en se dotant d’un système permanent de consultation des citoyens, basé sur le tirage au sort. Paradoxalement, ces initiatives surviennent alors qu’il y a eu un profond renouvellement du Parlement wallon, avec plus de femmes, plus de jeunes.
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