Des recrues d’extrême droite, après un élu PTB: jusqu’où ira la droite populaire de Bouchez?

Jusqu'où Georges-Louis Bouchez tient-il le MR? BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les dents grincent en interne, au MR, après l’adhésion de trois candidats issus de Chez Nous. Le président, Georges-Louis Bouchez, dit vouloir “assécher” les extrêmes. Mais même Sophie Wilmès estime qu’une concertation interne aurait dû avoir lieu. Un incident de trop?

Georges-Louis Bouchez, président du MR, se veut porteur d’une “droite populaire”, tranchant avec le “libéralisme social” qui fut la marque de fabrique du parti. Avec cette ligne, dénonçant notamment l’assistanat et mettant fortement le doigt sur les questions sécuritaires, il a porté son parti à 30% lors du scrutin de juin 2024.

Le Montois flirte plus souvent qu’à son tour avec un discours populiste, provoquant la réprobation de la gauche, mais c’est au fond ce qu’il recherche: polariser le débat. En interne, les critiques ouvertes se sont tues après la victoire électorale. Bouchez est le seul maître à bord.

Mais attention à ne pas commettre une erreur susceptible de faire renaître un débat au sein du parti. L’adhésion de trois recrues issues du parti d’extrême droite Chez Nous s’inscrit-elle dans ce registre?

“Assécher les extrêmes”

La principale recrue n’est autre que Noa Pozzi, tête de liste à la Chambre en juin 2024 pour Chez nous en province de Liège. Suivent Mathéo Besson, originaire du Hainaut occidental, et un certain Raphaël “Crm”, ancien jeune cadre du parti, auteur d’une banderole “Stoppons l’immigration, votez Chez nous”.

Jusqu’où ira la “droite populaire” chère au président?

Le président du MR avait déjà surpris tout le monde, voici quelques mois, en débauchant un député bruxellois du PTB, Youssef Handichi. Ce ne fut guère une réussite, tant sur le plan du résultat électoral que du contenu. Mais ici, le libéral prend un risque, la principale critique de ses opposants à gauche, mais aussi en interne, étant qu’il flirte souvent avec un discours proche de l’extrême droite.

Justification de GLB: “Je préfère ramener les gens dans le giron démocratique que de les laisser dans des partis extrêmes. J’ai fait la même opération avec des militants du PTB. Quand on a accueilli ces membres, sommes-nous pour autant devenus communistes ? Notre objectif consiste à assécher tous les extrémismes, de faire en sorte qu’il n’y ait plus de listes d’extrême droite. Si on estime que ce n’est pas possible, à quoi sert le travail de persuasion ? Doit-on considérer qu’il y a des poches qui sont définitivement perdues, exclues du champ démocratique ? J’assume de ne pas adhérer à la mort civile.”

Et de préciser encore: “Il y avait un besoin d’une droite qui affirme ses valeurs. Sans être extrémiste. Ces jeunes ont perçu que le vrai mouvement populaire était au MR.”

Les regrets de Sophie Wilmès

La pilule passe plutôt mal au sein du parti. En province de Liège, la cheffe de file Diane Nikolic, réagit sèchement, même si elle trouve “positif” qu’une jeune de 20 ans se détourne de l’extrême droite: “Je ne suis pas naïve, il n’a pas été un simple militant au sein du parti d’extrême droite, il en a été la tête de liste aux élections fédérales. Ça implique d’être extrêmement prudent avant de l’accepter éventuellement. Pour moi, il est clair que ceux qui souhaitent s’affilier au MR, et c’est particulièrement vrai dans ce cas-ci, doivent le faire dans une optique d’assimilation totale de nos valeurs démocratiques et non pour y importer des idées nauséabondes qui n’auront jamais leur place chez les libéraux. Je serai vigilante et intransigeante.”

Une intransigeance dont Bouchez affirme qu’il sera le premier gardien.

Mais même Sophie Wilmès, ancienne Première ministre et actuelle vice-présidente du Parlement européen, est sortie de sa relative réserve pour regretter cette décision. “Je peux comprendre que dans un parcours de vie on puisse changer d’avis et tant mieux, dit-elle. Cela voudra dire que cette personne s’inscrit pleinement dans nos valeurs… S’agissant d’un cas aussi délicat et particulier, je pense que l’on aurait dû consulter en interne pour voir ce qu’il y avait de mieux à faire.”

Georges-Louis Bouchez finira-t-il par commettre une erreur au sujet de sa ligne ou tient-il le parti à ce point qu’il peut tout se permettre?

Le tacle de Paul Magnette

Sans surprise, Paul Magnette, président du PS, attaque: “Après la banalisation, voici la normalisation. La démonstration que la différence avec l’extrême droite s’est effacée et qu’il s’agit d’une stratégie assumée. Chaque démocrate doit aujourd’hui se lever contre cela.”

Mais de cette réaction-là, Georges-Louis Bouchez se réjouira sans aucun doute.

 

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