Covid: des vaccins contre les nouveaux variants
De nouveaux variants du covid pourraient s’avérer plus dangereux mais grâce à la science, ils ne devraient pas faire de ravages.
Lors des deux premières années de la pandémie de covid, il était devenu de plus en plus facile de prévoir l’ondulation des vagues de cas et de décès qui s’ensuivraient. L’annonce d’une nouvelle vague par les modélisateurs de l’épidémie s’avérait souvent exacte, tout comme la menace qu’elle représentait. Mais la situation se complique à présent.
De nouveaux variants importants, certains plus contagieux, d’autres plus graves, font leur apparition au rythme de deux par an en moyenne. Il est difficile de dire à quoi ils pourraient ressembler et de prédire la résistance des défenses mondiales à leur encontre, que ce soit sous la forme de vaccins ou de l’immunité obtenue grâce à de précédentes infections.
La tâche du modélisateur est désormais plus délicate car dans un même pays, l’immunité se situe à des dizaines de niveaux différents. Le degré de protection de chaque personne dépend de nombreux facteurs: le nombre de vaccins et de rappels reçus, ainsi que la date, le nombre d’infections et les variants contractés par chaque individu. Le covid est bien moins meurtrier qu’auparavant grâce à toutes ces couches d’immunité et aux médicaments. Son taux de mortalité est désormais similaire à celui de la grippe saisonnière.
Certains scientifiques estiment qu’environ 50% des Américains auront le covid chaque année, maintenant que les mesures de distanciation sociale ont été levées.
Mais la grippe est bien moins contagieuse et n’apparaît qu’en hiver. Le covid, lui, ne s’est pas encore transformé en phénomène saisonnier, et du fait que l’immunité contre cette infection est éphémère (trois mois environ), beaucoup de personnes le contracteront plusieurs fois par an.
En un an, 5 à 20% des Américains attrapent la grippe. Certains scientifiques estiment qu’environ 50% des Américains auront le covid chaque année, maintenant que les mesures de distanciation sociale ont été levées. Cela devrait causer la mort de 100.000 personnes par an, soit deux fois plus que le nombre de décès dus à la grippe lors d’une mauvaise saison.
Se tester via une appli
Mais cela dépendra en grande partie du comportement des gens, la variable la plus difficile à prédire pour les modélisateurs. Dans le métro londonien, une tendance est apparue: les masques se multiplient dès que les cas augmentent et tombent dès que les vagues redescendent. Et quand les cas de covid augmentent, un grand nombre de personnes se testent avant de rendre visite à leurs proches plus âgés. Ces tests sont de plus en plus faciles à réaliser: ainsi, une application expérimentale analysant la voix et le souffle permet d’identifier 89% des infections au covid.
170 vaccins en essais cliniques
La prochaine génération de vaccins contre le covid pourrait cependant faire une grande différence en 2023. Selon l’Organisation mondiale de la santé, plus de 170 vaccins sont en cours d’essais cliniques. Les vaccins nasaux et les vaccins résistant à tous les variants sont deux avancées potentielles qu’il faudra surveiller l’année prochaine.
Les vaccins pulvérisés dans le nez et la gorge permettent de créer une immunité dans les cellules qui entrent en contact en premier lieu avec le virus, afin d’arrêter leur prolifération et d’interrompre la chaîne des événements moléculaires dans le corps qui provoquent la maladie.
Vaccins indiens et chinois
Plus important encore, ces vaccins pourraient éviter la transmission, ce que les injections de première génération ne parvenaient pas à faire (bien qu’ils soient efficaces pour réduire le risque de maladie grave). En septembre 2022, l’Inde et la Chine ont approuvé des vaccins à pulvériser dans le nez et la bouche. Mais les données sur leur efficacité n’ont pas été publiées. Une dizaine d’autres vaccins sont en cours de développement en Occident et certains présentent des résultats prometteurs dès les premiers essais.
Progrès fulgurants
Les scientifiques sont également à l’oeuvre pour élaborer des vaccins pouvant protéger contre n’importe quel variant du covid susceptible d’apparaître à l’avenir. Certains de ces vaccins ciblent des groupes spécifiques de coronavirus, notamment les quatre coronavirus des rhumes saisonniers ou des infections pernicieuses, comme le virus du syndrome respiratoire aigu sévère original (SARS). Des essais à grande échelle sur l’homme seront organisés pour certains de ces vaccins en 2023. Avec un peu de chance, un vaccin général contre le coronavirus pourrait être disponible en 2024.
Les scientifiques émettent souvent des réserves quand ils formulent des prévisions pour le covid, évoquant la possibilité inconnue (mais bien réelle) d’un rebond, comme un nouveau variant qui pourrait être extrêmement contagieux et bien plus meurtrier que les souches précédentes. Mais les progrès fulgurants réalisés par les scientifiques contre le covid laissent penser que, même dans une telle éventualité, leurs pires craintes ne se concrétiseraient pas.
Slavea Chankova, correspondante pour la rubrique Soins de santé à “The Economist”
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