Ivan Vandermeersch
Coronavirus: le cerveau est au point mort
Au cours de chacune des révolutions industrielles, la Belgique s’est forgé une réputation mondiale d’économie innovante, efficace et attrayante. Cela devrait continuer à être le cas.
Joseph Plateau a inventé le phénakistiscope en 1832, qui est à l’origine du cinéma. Zénobe Gramme a lancé l’industrie électrique moderne avec la première dynamo à courant continu. Et Leo Baekeland a fait entrer le 20ème siècle dans l’ère du plastique avec la bakélite, le tout premier plastique entièrement synthétique. Le World Wide Web a été créé par Tim Berners-Lee, qui a inventé le langage HTML, et le Belge Robert Cailliau, a développé le système hypertexte.
La Silicon Valley de 1900, c’était la Belgique. De son indépendance en 1830 jusqu’à la Première Guerre mondiale, la Belgique a été la deuxième puissance industrielle du monde. Nous avons une tradition de faire des affaires et d’exporter nos connaissances dans le monde entier.
La Belgique se classe aujourd’hui au 9e rang du Digital Economy and Society Index 2019 (DESI) des 28 États membres de l’UE. En 2017, nous étions classés 7e…
Ceux qui ne connaissent pas leur passé ne peuvent pas préparer leur avenir. Voilà pourquoi.
Avec Covid-19, la société connectée a été soudainement mise en mouvement.
Pour la première fois, nous avons une pandémie à l’ère du numérique. Avec le Covid-19, le travail en ligne, les réunions, l’enseignement à distance est soudainement devenu la norme. Dans les restaurants, les cafés et les bars, nous entrons maintenant dans un espace quasi sans contact. Avec chaque écran que nous avons à portée de main, nous téléphonons, nous nous rencontrons, nous jouons, nous regardons des films, nous commandons de la nourriture, nous surveillons notre santé. Et l’intelligence artificielle accélère le rythme de l’innovation, également pour la mise au point de vaccins.
Mais la 4G commence s’enliser. En 2022, le réseau 4G à Bruxelles serait saturé. Et cela était prédit sans tenir compte du Covid-19, qui a doublé le nombre d’appels sur le réseau fixe, a augmenté le trafic de données de pas moins de 70 % et a également fait croître le trafic vocal de 70 %.
D’autres pays européens ont déjà déployé des services commerciaux 5G et nos fréquences n’ont même pas encore été mises aux enchères.
Il apparaît maintenant quasiment impossible pour le Centre européen de cyber sécurité de venir dans notre pays, en raison du chaos qui entoure la 5G et de la lenteur de la transposition de la législation sur la cyber sécurité. Une vente aux enchères définitives du spectre 5G a été remise aux calendes grecques. Les licences d’essai provisoires n’offrent pas une solution. Combien de temps encore notre pays va-t-il profiter du pôle d’attraction que représente Bruxelles, siège de l’UE et de l’OTAN, avec les nombreuses entreprises et autres organisations dans son sillage ? Et pourtant, nous avons notre expertise et nos connaissances universitaires en matière de cyber sécurité et de cryptographie.
Il est temps de faire preuve d’intelligence
Notre pays doit rapidement disposer des infrastructures appropriées pour ne pas manquer le train des nouvelles technologies, pour tous les secteurs de l’économie. Cela est clair comme de l’eau de roche dans la nouvelle ère dans laquelle nous sommes entrés. La numérisation et la 5G doivent en être le coeur. Par rapport à la 4G, la 5G augmente le débit avec une latence de 1 ms, ce qui est 30 fois plus efficace que la 4G. Cette performance est essentielle pour maintenir notre position concurrentielle.
Une résurgence du virus est actuellement en préparation avec une valse d’Hésitations. En attendant, l’argent s’épuise. La Banque nationale de Belgique (BNB) prévoit une forte détérioration structurelle du déficit budgétaire et ne voit plus de place pour des plans de relance coûteux. Les investissements relatifs à la 5G doivent donc être aussi efficaces et pragmatiques que possible.
Le temps presse. Le numérique sera la garantie de pour notre comportement sans contact qui restera indispensable dans les mois, voire les années à venir. Avec la 5G, les bases numériques d’une société connectée et axée sur le numérique sont jetées dans le monde entier. La 5G est une priorité. Parce que les données et la connectivité sans fil sont le charbon et la vapeur de notre siècle.
Il n’y a plus de temps à attendre pour la formation d’un nouveau gouvernement. La deuxième vague de Covid-19 n’attend pas cela. Les nouveaux virus, les cyber-risques et les risques climatiques non plus, tout comme les investisseurs et les clients étrangers.
Il s’agit simplement de sauver ce qui peut être sauvé, quel que soit le spectacle de la formation gouvernementale.
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