Christophe Lacroix (PS): “Une économie de proximité a besoin de banques de proximité”
Le député socialiste milite ardemment pour contraindre le secteur bancaire à maintenir un certain nombre de distributeurs de billets. Un combat au nom de la justice sociale mais aussi de “la liberté” d’utiliser du cash.
“La liberté, c’est aussi le droit pour chaque citoyen de gérer son argent et cela passe par la disponibilité de l’argent liquide.” Fort de cette conviction, le député Christophe Lacroix (PS) bataille ferme pour obliger le secteur bancaire à assurer “une répartition correcte et équitable des distributeurs de billets et des terminaux de paiement sur le territoire”, de façon à ce que chaque citoyen puisse en retrouver “à proximité de son domicile” et se libère ainsi de “la dépendance bancaire”. Le défi sera bien entendu dans l’interprétation de cette notion de proximité…
L’an dernier, il avait déposé une proposition de loi, en vue d’instaurer un fonds de compensation alimenté par le secteur et récompenserait les enseignes qui maintiennent le plus grand nombre de terminaux et de distributeurs de billets. “Dans ma région, il faut que bpost relève le gant pour maintenir au moins un distributeur dans des communes comme Hamoir, Engis ou Sprimont, regrette Christophe Lacroix. Les citoyens sont pris en otage par cette politique commerciale. C’est pour lutter contre cela que j’ai proposé d’organiser une certaine solidarité entre les banques à travers ce fonds de compensation.”
Cette proposition de loi suit son lent cours parlementaire et le député revient maintenant à la charge avec une proposition de résolution. Son texte vise à enjoindre le gouvernement à prendre toute une série de mesures sur le maintien des distributeurs et sur le service bancaire universel. “Le vote d’une résolution, c’est le positionnement d’une majorité parlementaire en vue d’obtenir des avancées, explique-t-il. C’est moins radical qu’une proposition de loi – qui devient une contrainte formelle après le vote – mais cela place le gouvernement en meilleure posture pour négocier avec le secteur bancaire.” En l’occurrence, Christophe Lacroix souhaite appuyer le ministre de l’Economie Pierre-Yves Dermagne (PS), qui négocie le renouvellement du gentlemen’s agreement de 2004 avec le secteur bancaire.
Les banques avancent l’argument du coût de ce réseau, Christophe Lacroix celui de l’intérêt général. “Si les banques restent au balcon, nous constaterons la déliquescence de cette économie de proximité, que tout le monde assure vouloir soutenir, et l’aggravation de la fragmentation de la société, dit-il. La disparition des distributeurs de billets a un impact sur le chiffre d’affaires du boulanger, du marchand de journaux, de tout le quartier. En outre, pour certains ménages à faible revenus, il est plus facile de gérer son argent en continuant à utiliser le liquide.”
L’élu liégeois, historien de formation, semble avoir surmonté la déception de ne plus avoir été repris dans les castings ministériels de son parti. “Si à 54 ans, j’étais devenu cynique et désabusé, ce serait très regrettable, conclut Christophe Lacroix. Je reste un homme révolté, au sens où Camus l’a écrit. Je ne suis pas pour une société égalitariste ou communiste, mais depuis toujours, l’injustice me scandalise. C’est le cas avec les banques: elles sont un maillon de la société inclusive à laquelle j’aspire. Tous les citoyens ont droit à l’accès à une série de services bancaires, y compris d’ailleurs l’accès à des conseils de la part de banquiers de proximité.”
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