Charleroi rationalise ses outils économiques
Trois services d’animation économique se fondent dans Charleroi Entreprendre. Ils ambitionnent de doubler le nombre d’entreprises et d’emploi créés d’ici 2021.
Des structures publiques ou parapubliques qui se marchent sur les pieds, on voit cela un peu trop souvent. Saluons donc la naissance de Charleroi Entreprendre, qui regroupe les équipes d’animation économique de l’intercommunale Igretec, du centre d’entreprises Heracles et de l’espace de coworking Switch. Cela fait une vingtaine de personnes qui, par-delà les différences de statuts et de sources de financement, oeuvreront désormais ensemble pour accompagner les entreprises de la métropole de Charleroi, un ensemble de 600.000 personnes qui s’étale sur 29 communes de Chimay à Seneffe.
Charleroi Entreprendre ambitionne de doubler d’ici 2021 le nombre de créations d’entreprise (20/an) et d’emploi (250/an). De quels atouts disposera-t-elle ? D’abord évidemment, d’une lisibilité accrue qui simplifiera les premières démarches des entreprises. De la mutualisation des forces ensuite, qui permettra de développer des expertises plus spécifiques. L’équipe va notamment pouvoir développer le travail avec les étudiants-entrepreneurs, grâce à des collaborations avec le Venture Lab liégeois. “Nous aurons un véritable défi de ressources humaines, précise Grégoire Dupuis, directeur de Charleroi Entreprendre. Les compétences des équipes devront évoluer aussi vite que les besoins des entreprises, il faudra être agile.” Enfin, cet organisme bénéficiera aussi de l’appui de ses partenaires, qui seront autant de relais dans l’accompagnement des entreprises. Au CA de Charleroi Entreprendre, on retrouve en effet Igretec (pour les terrains et bâtiments où s’implanter), les banques (BNP Paribas, Belfius, ING et CBC) et Sambrinvest pour le financement des projets, la Sowalfin pour le lien avec les instances régionales.
“Le modèle est un peu unique, analyse Renaud Moens, directeur d’Igretec. A Liège, les forces se fédèrent autour de l’outil de financement Meusinvest. A Mons, c’est plutôt autour de l’agence de développement économique Idea. Nous avons développé un modèle mixte qui pourra peut-être être reproduit ailleurs.” L’intention est d’ouvrir la structure à des partenaires privés, au-delà des seules banques, comme en atteste le choix d’un patron de PME pour présider le CA. Il s’agit de Sébastien Coegaert, patron de Printbox, une entreprise d’impression sur divers supports. Ce souci d’un rapprochement avec le secteur privé a été salué par le ministre wallon de l’Economie Pierre-Yves Jeholet (MR), par ailleurs grand promoteur de la rationalisation des outils économiques publics. “Le rassemblement des forces vivres, réalisé par Charleroi Entreprendre, sera une vraie plus-value pour les entreprises”, a-t-il déclaré.
Autre éléments intéressant : Charleroi Entreprendre entend générer ses propres recettes financières, et anticiper ainsi la baisse attendue des subsides venant de la Wallonie ou de l’Union européenne. “Des activités comme l’aide au démarrage d’une entreprises ou le soutien aux étudiants-entrepreneurs sont clairement des services publics et ont vocation à être subsidiés par un Etat émancipateur, explique Thomas Dermine, responsable de la cellule Catch (créée pour doper le redéploiement de Charleroi après le départ de Caterpillar). En revanche, des services de quasi-marché comme le coworking ou l’accompagnement de projets plus matures doivent faire l’objet d’une rémunération au moins partielle.” Le regroupement et la dynamisation des services d’animation économique était l’une des pistes d’action mise en avant par la cellule Catch, en complément des actions sectorielles dans les biotech (Biopark de Gosselies), le numérique (Costation), l’aéronautique/logistique et l’ingéniérie.
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