“Ce budget wallon n’est vraiment pas sérieux”
Aucune mesure précise n’est évoquée pour enrayer une dette wallonne, qui aura doublé en cinq ans, s’inquiète François Desquesnes, le chef du groupe cdH au Parlement wallon.
1. Alors qu’il vient de boucler un budget 2022 en déficit de plus de 4 milliards d’euros, le gouvernement wallon se réjouit de la soutenabilité de la dette régionale. Cela vous semble-t-il bien sérieux?
Clairement non. Au début de la législature, la dette wallonne brute s’élevait à 22 milliards d’euros. En juin dernier, la Cour des comptes estimait qu’elle atteindrait 39 milliards à l’horizon 2024. Depuis, il y a eu les inondations. La dette publique aura ainsi doublé en une législature et sera quasiment le triple du total des recettes de la Wallonie. Evidemment que ce n’est pas tenable, que cela ne tient pas la route! On ne peut pas construire un budget en ajoutant sans cesse des “plus” et jamais des “moins”.
Je peux toutefois retenir un élément positif: le groupe d’experts appelé au chevet de la dette wallonne ( de Roland Gillet à Jean Hilgers en passant par Philippe Donnay ou Bruno Colmant, Ndlr) a été entendu et, pour la première fois, on semble se rendre compte que l’euphorie de l’argent facile ne sera pas éternelle et qu’il faudra prendre des mesures sous peine de filer droit dans le mur.
2. Le gouvernement promet en effet un effort structurel de 150 millions par an pendant les 10 prochaines années. N’est-ce pas suffisant pour enrayer la spirale de l’endettement?
Peut-être mais ils n’ont pas décidé comment ils allaient arriver à ces 150 millions d’économie en 2022. Pourquoi attendre l’ajustement budgétaire, en cours d’année donc, pour prendre des mesures? Ce n’est franchement pas très sérieux. D’autant que, a priori, les premiers efforts seront les plus faciles à accomplir.
Le gouvernement aura sans doute recours à un tour de passe-passe du genre “150 millions via la mise en oeuvre du Budget base zéro”. Mais ce Budget base zéro, cela fait deux ans qu’on en parle. Il doit y avoir moyen d’identifier déjà une série de pistes précises d’économies, de doublons à supprimer, etc.
3. Redoutez-vous un emballement de la dette si la Fédération Wallonie-Bruxelles et les communes appellent la Région à l’aide?
Poser la question, c’est y répondre. Un quart du total des moyens publics de la Wallonie provient de l’emprunt. A un moment donné, ce n’est plus tenable. Par exemple, est-ce vraiment le moment idéal pour imaginer un fonds de rayonnement de la Wallonie, doté de 20 à 25 millions d’euros? C’est bien d’encourager la créativité mais, à un moment donné, il faut arrêter de vivre au-dessus de ses moyens. Il faut trancher entre les priorités des socialistes, des libéraux et des écologistes. Arbitrer et décider, c’est ce qu’on attend du pouvoir politique, c’est son rôle.
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