Budget, pensions… Le FMI met en garde la Belgique et pousse le gouvernement à poursuivre ses réformes
Les autorités belges doivent profiter des “conditions économiques favorables” pour poursuivre les réformes visant à accroître la résilience de l’économie et à renforcer le potentiel de croissance de la Belgique, selon le message délivré par le Fonds monétaire international (FMI) après avoir rédigé son bilan annuel pour notre pays. Cela signifie: atteindre l’équilibre budgétaire, réformer davantage les pensions et examiner les dépenses.
Chaque année, une délégation du Fonds monétaire international passe par notre pays pour prendre la température de l’économie de la Belgique et faire plusieurs recommandations à l’exécutif.
Ces recommandations, qui sont formulées à titre provisoire, doivent apparaître dans un rapport définitif au printemps prochain.
Le FMI met en tout cas la Belgique en garde. En dépit des échéances électorales qui se profilent (législatives, régionales et européennes), l’organisation internationale demande au gouvernement de ne pas se laisser distraire par ces dernières et de continuer le train de réformes, en vue de renouer avec l’équilibre budgétaire (un effort de 0,5% du PIB doit être consenti pour y parvenir). Le FMI craint que notre pays ne voit sa croissance économique s’effriter.
“La Belgique ne peut pas se permettre de reporter les réformes maintenant. Nous encourageons les gouvernements à continuer en ce sens”, a dit Delia Velculescu, la cheffe de mission. Cette dernière a rencontré à deux reprises cette semaine le nouveau ministre des Finances Alexander De Croo (Open Vld) et a souligné que les réformes menées par le gouvernement avaient certes permis de soutenir l’emploi et la croissance, mais a directement insisté sur le fait que “de plus en plus de nuages étaient suspendus à l’horizon.”
Une croissance qui ralentit
Le Fonds monétaire international constate que l’économie belge a connu la croissance pendant 9 années consécutives, mais que celle-ci avait aujourd’hui tendance à ralentir. En cause, des facteurs d’incertitudes externes comme le Brexit, le prix de l’énergie ou encore le protectionnisme croissant, et internes, comme on l’a déjà évoqué, à savoir les échéances électorales.
Quelles sont les suggestions concrètes du FMI ?
L’institution internationale invite notre pays à réduire son déficit structurel de 0,5% du PIB pour atteindre l’équilibre budgétaire. “Cela nécessitera des mesures allant au-delà de ce qui est prévu dans le projet de budget de 2019”, prévient Delia Velculescu. Elle précise de plus que “mouiller le maillot” ne sera pas uniquement la tâche du fédéral, mais que les entités devront également suivre l’effort.
Si les syndicats s’opposent à la réforme des pensions, le FMI, lui, estime que le Royaume doit aller encore plus loin. “Même avec les réformes, le coût du vieillissement est encore élevé. Il faut donc faire davantage pour améliorer la durabilité du système des pensions”.
Un nouveau relèvement de l’âge de la retraite est une des possibilités, selon la cheffe de mission. “Un débat doit avoir lieu en Belgique. Mais dans tous les cas, un large soutien est nécessaire pour de telles réformes.”
Si le FMI salue les créations d’emplois, il pointe pourtant le faible taux d’emploi des personnes plus “vulnérables”, comme les jeunes, les migrants ou les travailleurs peu qualifiés. L’institution préconise d’insister sur la formation et l’apprentissage tout au long de la vie, et demande aussi une “meilleure liaison des salaires à la productivité”, “une réforme du régime des indemnités de chômage” et “l’application concrète des jobdeals”.
M. De Croo accueille favorablement le rapport du FMI. “Il est extrêmement important que les plans socio-économiques auxquels nous avons souscrit soient mis en oeuvre. Si nous ne le faisons pas, cela aura un impact sur les emplois et affaiblira la compétitivité de nos entreprises”, a-t-il ajouté.