Budget: les flexi-jobs seront-ils quand même taxés ?  

Le dispositif a été introduit en 2015 dans l’horeca pour lutter contre le travail au noir et a eu un succès immédiat.
Caroline Lallemand

Le ministre du Budget Vincent Van Peteghem (CD&V) s’interroge sur la viabilité fiscale des flexi-jobs, ce dispositif populaire qui permet à des centaines de milliers de Belges de travailler à temps partiel sans payer d’impôts. Le débat s’intensifie alors que la droite veut étendre le système et la gauche propose d’augmenter la contribution patronale.

Dans le cadre des discussion budgétaires, le ministre du Budget, Vincent Van Peteghem (CD&V), a récemment exprimé des doutes sur la viabilité du système des flexi-jobs, rapporte Het Nieuwsblad. Ce dispositif permet aux travailleurs qui occupent au moins un poste à 4/5 de gagner un revenu supplémentaire qui n’est pas imposé : ni taxes, ni cotisations sociales pour le salarié. L’employeur ne paie que 28 % de cotisations sociales. Il a été introduit en 2015 dans l’horeca pour lutter contre le travail au noir et a eu un succès immédiat, notamment auprès des jeunes et des pensionnés. Depuis, il s’est étendu à d’autres secteurs comme les supermarchés, la logistique, l’enseignement ou la garde d’enfants.

La sécu en péril

Malgré cet engouement, des critiques surgissent. Alors que le gouvernement fédéral De Wever cherche de nouvelles recettes, les flexi-jobs sont dans le viseur, selon Het Nieuwsblad. Vincent Van Peteghem (CD&V), ministre du Budget, avertit que le système met en péril la protection sociale : dans certains supermarchés, la majorité des employés sont des flexi-jobbers ou des étudiants ne payant ni taxes ni cotisations sociales. Si tous ces emplois étaient occupés par des travailleurs « classiques », le budget pourrait engranger plusieurs dizaines voire centaines de millions d’euros supplémentaires, selon son raisonnement.

Fin 2024, environ 229.423 Belges occupaient 312.028 flexi-jobs, principalement en Flandre. Le total des flexi-jobs représente aujourd’hui l’équivalent de 26.509 emplois à temps plein, soit 766 millions d’euros de salaires. De plus – argument repris par la gauche – certains flexi-jobbers font concurrence à des salariés ordinaires. Et lorsque les allocations de chômage seront bientôt limitées dans le temps, des milliers de Belges chercheront des emplois accessibles mais se heurteront au système flexi, réservé à ceux qui travaillent déjà.

Le MR contre la limitation des flexi-jobs

À droite, l’axe MR-N-VA refuse de limiter les flexi-jobs, soulignant leur rôle dans la survie de nombreux restaurants et dans la réduction des pénuries de main-d’œuvre. Dans le cadre de l’accord de gouvernement, les flexi-jobs devraient d’ailleurs être étendus à tous les secteurs, le revenu annuel maximum passant de 12.000 à 18.000 euros.

Le président de Vooruit, Conner Rousseau, soutient cette extension mais souhaite augmenter la contribution patronale de 28 % sur le salaire flexi, afin d’alimenter davantage la sécurité sociale. Le salarié ne paierait rien de plus, mais bien l’employeur. L’opposition reste vigilante et prête à dénoncer toute mesure qui pourrait pousser certains travailleurs vers le travail au noir, avertit Van Quickenborne (Open VLD).

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire