Budget fédéral: le politique va-t-il enfin réagir à la hauteur de la menace économique?
La Vivaldi envisage un milliard d’aides aux entreprises sous la forme d’exonérations de cotisations sociales. La sobriété salariale des ministres est au menu. Pas (encore) des chefs d’entreprise?
Après un week-end studieux, les sept partis de la majorité fédérale vont tout faire pour faire atterrir le budget fédéral à temps pour le traditionnel discours de politique générale, mardi à la Chambre. Les lignes bougent dans quelques domaines, avec en vue la possibilité d’un compromis qui répondrait en partie aux attentes du monde économique.
Soutien aux entreprises. Pour aider les entreprises à faire face au choc à venir de l’indexation automatique des salaires, qui s’ajoute à l’explosion de l’énergie, une défiscaliation partielle est envisagée, sous forme d’exonération (que préconisait le MR) et de reports.
Selon plusieurs médias, les cotisations sociales seraient réduites au premier et deuxième trimestres 2023, au moment du choc de l’indaxation. Il s’agirait d’une réduction nette, sans remboursement ultérieurement. Une mesure comparable serait à l’étude pour ce qui concerne le secteur non marchand. Dont coût total: un milliard d’euros. Des reports seraient envisagés pour les cotisations sociales du reste de l’année.
Cela s’ajoute au demi-milliard d’aides annoncées vendredi par le gouvernement wallon. Le politique prend-il enfin la mesure de la menace économique?
Sobriété salariale. C’est “anecdotique”, mais symbolique: le gouvernement devrait s’entendre sur une réduction de quelque 7,5% des rémunérations de ses ministres. Au nom de la “sobriété salariale” préconisée par le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD), après la sortie maladroite du secrétaire d’Etat Mathieu Michel qui s’était emmêlé les pinceaux au sujet de son salaire. Par ailleurs, selon différentes sources, il n’y aurait pas d’accord sur une cotisation de crise pour les plus hauts salaires dans le privé, ce que souhaiterait l’aile gauche du gouvernement.
Energie: on prolonge les aides. Pour faire face à la crise énergétique, il serait acquis que l’on prolongera les mesures d’aide sous forme d’un soutien de 200 euros aux ménages au-delà de cette fin d’année. La TVA sur l’énergie reste à 6%. Voilà un autre milliard d’appui pour faire face à la crise.
Taxation des surprofits: on étudie. La ministre de l’Energie, Tinne Van der Straeten (Groen), avait annoncé vouloir taxer 100 % des profits réalisés au-delà de 130 euros par MWh (pour un gain total de 4,7 milliards en deux ans, incorporant la rente nucléaire déjà existante, un montant contesté au sein de la coalition). Mais les partenaires libéraux et sociaux-chrétiens ne sont pas chauds et mettent en garde contre les risques de recours, si on va trop loin que ce qui est préconisé par l’Europe.
Fiscalité: une réforme partielle? Le gouvernement avancera-t-il sur un début de réforme fiscale, ce monstre du Loch Ness du ministre CD&V Vincent Van Peteghem. Le projet de relever la quotité exemptée d’impôt de 9.000 à 13.000 euros serait sur la table, avec un gain estimé à 1300 euros net au bout de l’année pour chaque contribuable. Au Soir, un membre du cabinet Van Peteghem souligne: “C’est une réforme structurelle qui permet de baisser la fiscalité en Belgique, pays parmi les plus taxés en Europe.”
Le liquidation de niches fiscales et l’effet retour financeraient une opération lourde de quelque 6 milliards. Pas sûr que cela passa la rampe à gauche, on risque encore de reporter en attendant une réforme fiscale plus large.
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