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Budget 2017: l’illusion d’une bonne santé budgétaire…
“Le gouvernement Michel a étonnamment vite abouti à un accord sur le contrôle budgétaire de 2017. Mais il est illusoire de penser que l’assainissement des finances publiques est amorcé”, estime Alain Mouton, journaliste pour le Trends néerlandophone. “L’équipe actuelle diffère à peine des gouvernements Di Rupo, Leterme ou Verhofstadt.”
Le gouvernement Michel a vite trouvé un accord sur le contrôle budgétaire de 2017, mais il est illusoire de penser que l’assainissement des finances publiques belges est en route. Le gouvernement fédéral espère un déficit budgétaire de 1,7% du PIB cette année. Il y a deux ans, l’objectif pour 2017 était un déficit de 1% et l’équilibre en 2018. Nous sommes plus éloignés du ‘Schwarze Null‘, comme les Allemands qualifient un budget en équilibre, que nous ne l’avons jamais été.
Nous sommes plus éloignés que jamais de l’équilibre budgétaire
Le gouvernement Michel achève un contrôle budgétaire sans augmentation des impôts et sans restrictions drastiques. Il s’agit tout au plus de corrections techniques. Le gouvernement peut notamment compter sur la diminution des frais liés aux intérêts notionnels (325 millions d’euros) et sur une diminution des charges d’intérêts (47 millions d’euros). Le gouvernement espère aussi des revenus supplémentaires et une diminution des dépenses grâce à une création d’emplois plus importante que prévu. Le comité de monitoring avait demandé un effort de 313 millions d’euros, le gouvernement y a ajouté un buffer, soit un matelas de sécurité, de 559 millions d’euros. Presque 900 millions d’euros sont donc trouvés sans interventions pénibles.
Ce faisant, le budget pour 2017 est en bonne voie vers le déficit convenu de -1,7%, entend-on du côté du Premier ministre Charles Michel. Ce déficit explique d’emblée pourquoi ce contrôle budgétaire a été achevé aussi rapidement et facilement. Ces dernières années, le gouvernement Michel a sans cesse mis la barre budgétaire plus bas. Ce n’est dès lors pas difficile de réaliser les objectifs.
Celui qui révise chaque année les objectifs à la baisse n’a pas droit à des applaudissements quand ceux-ci sont atteints
En avril 2014 – certes encore sous Di Rupo – le gouvernement fédéral s’était engagé à réaliser un excédent budgétaire de 0,6% en 2017. Un an plus tard, en avril 2015, cet objectif était réduit à un déficit de 1% du PIB. Au printemps de 2016, une nouvelle révision a suivi: un déficit de 1,4%. Et lors de l’établissement du budget de 2017 en novembre dernier, il était soudain question d’un déficit planifié de 1,7% pour cette année.
La personne qui, chaque année, ajuste les objectifs à la baisse n’a pas droit à des applaudissements si ceux-ci sont atteints. Le show du gouvernement Michel se félicitant de la bonne nouvelle d’un assainissement des finances publiques en bonne voie est dès lors une illusion. Dans une interview, le Premier ministre Charles Michel (MR) affirmait la semaine dernière encore que l’équilibre budgétaire en 2018 devait rester un objectif. À défaut d’un équilibre budgétaire nominal, ce serait du moins un équilibre structurel (corrigé des mesures non récurrentes et des variations conjoncturelles). Mais pour atteindre un équilibre budgétaire structurel, un assainissement de 4,4 milliards est encore nécessaire cette année. Pour obtenir un équilibre budgétaire nominal, l’assainissement doit atteindre presque 7 milliards d’euros.
L’équipe actuelle diffère à peine des gouvernements Di Rupo, Van Rompuy, Leterme ou Verhofstadt
Impossible pour un gouvernement qui semble toujours plus se diriger vers les affaires courantes. Et ce, alors que les défis budgétaires restent gigantesques. Les gouvernements actuel et suivants se trouvent devant un effort budgétaire de presque 40 milliards d’euros pour les prochaines années. Il y a le vieillissement qui, à terme, coûtera jusqu’à 5% du PIB en plus (20 milliards en euros d’aujourd’hui). Il y a le déficit de 7 milliards qui doit être résorbé. Il y a des efforts supplémentaires nécessaires dans les investissements publics (entre 1 et 2 % du PIB ou entre 4 et plus de 8 milliards d’euros). Et sous la pression des États-Unis, les dépenses de défense doivent croître de 1% du PIB (plus de 4 milliards d’euros). Le gouvernement Michel semble reporter ces défis vers les gouvernements suivants. Sur ce plan, l’équipe gouvernementale actuelle diffère à peine des gouvernements Di Rupo, Van Rompuy, Leterme ou Verhofstadt…
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