Thierry Geerts (Beci) cherche un hôtel pour un conclave budgétaire bruxellois au finish: “Une situation d’urgence”

Pour Thierry Geerts, le monde entier connaît Bruxelles comme un centre de décision. Il faut vendre la ville comme une capitale diplomatique. © Hatim Kaghat
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le représentant des entreprises bruxelloises invite les politiques à agir enfin et les invite à négocier à huis-clos pour en finir. “Nous cherchons un hôtel, mais trouver vingt chambres pour les enfermer, ce n’est pas simple.” Le shutdown budgétaire est déjà perceptible et les dossiers sensibles s’accumulent. Mais une offre de service écologiste laisse planer le doute sur… le casting réel.

Vous vous perdez dans les négociations régionales bruxelloises pour un budget ou un gouvernement? Il y a de quoi. Le MR conserve la main, via son président Georges-Louis Bouchez, a priori dans un format à six (MR, PS, Engagés, Groen, Vooruit, Open VLD). Mais même cela n’est plus complètement certain car les écologistes viennent de faire une offre de service en bonne et due forme.

Thierry Geerts, CEO de Beci, qui représente les entreprises bruxelloises, peine à trouver encore les mots pour décrire la situation. “C’est le côté le plus négatif de l’absurdité belge, nous disait-il ce week-end dans notre Trends Talk. Nous avons dépassé les 500 jours sans gouvernement, nous approchons de la date fatidique du record des 541 jours établi par le fédéral (en 2010-11), qui est un record mondial. Bruxelles va montrer une bien mauvaise figure, ce qui est désolant parce qu’entretemps, la capitale est fantastique et se développe.”

Un shutdown partiel, déjà

Le risque d’un shutdown budgétaire est désormais réel dans la capitale? Clairement et cela se sent déjà, souligne le patron de Beci. “Il y a clairement des institutions bruxelloises qui sont déjà à court de cash, nous dit-il. Le Samusocial a déjà exprimé des difficultés. On trouve des solutions au jour le jour, mais on peut difficilement demander de continuer comme cela. Nous sommes déjà à la limite et donc, oui, en 2026, le risque est réel.”

Thierry Geerts salue le fait que des discussions aient lieu, ce qui n’a pas toujours été le cas, mais cela ne suffit pas. “A Bruxelles, ils n’ont jamais passé une nuit tous ensemble, contrairement au fédéral. Au moins, ils se parlent sur un budget qui permettrait de fonctionner en 2026. Mais on est bien d’accord qu’un budget ne suffit pas parce que qui dit budget ambitieux dit choix politiques et c’est là où cela coince pour l’instant.”

Nous faisons face à une situation d’urgence, insiste Thierry Geerts. Outre le risque de shutdown, il y a tout de même quelque 42.000 chômeurs qui vont perdre leurs allications début 2026 suite à la réforme fédérale, la sécurité part en sucette et il est grand temps d’intervenir. Il faut simplifier nos structures qui sont trop complexes et trop onéreuses. Bruxelles mérite une meilleure gouvernance.”

Le CEO de Beci souligne un paradoxe: “Au niveau international, je réponds aux journalistes que c’est no news. C’est comme si Lille n’avait pas de maire. Tout le monde bosse et Bruxelles est en pleine effervescence. Par contre, pour certaines instances d’aide sociale ou pour le bâtiment, c’est dramatique.”

Un hara kiri bruxellois

Thierry Geerts met en garde: “Nous sommes le premier hub mondial en matière de diplomatie, devant Washington. C’est un très mauvais signal que l’on envoie et c’est surtout un hara kiri de la classe politique bruxelloise. Ceux qui pensent qu’il ne faut pas de Région bruxelloise finiront par avoir raison, et c’est dommage.”

Lors d’un débat récent organisé par Beci, la proposition a été faite d’organiser un conclave au finish. “Ils se sont déclarés d’accord, souligne Thierry Geerts. Nous cherchons un hôtel pour l’organiser, littéralement. Mais le paradoxe, c’est que les hôtels sont pleins parce que Bruxelles fonctionne. Trouver vingt chambres pour enfermer nos amis politiciens, cela semble compliqué, mais nous n’avons pas abandonné.”

Il reste encore à savoir qui accepterait ce conclave au finish. Les négociations à six sont à la peine et Ecolo vient de faire une offre de service en bonne et due forme, laissant à nouveau planer le spectre d’une majorité sans le MR.

Nous sommes loin de la fumée blanche.

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