Quand libéraux et socialistes sont incapables de s’entendre : le cas bruxellois

David Leisterh, chef de file du MR bruxellois, ne sait plus à quel saint se vouer. BELGA
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Dans la nouvelle ère politique ouverte en juin 2024, un fait s’impose: le MR et le PS ne peuvent plus se supporter. Les présidents Georges-Louis Bouchez et Paul Magnette sont aux antipodes. Mais ce n’est pas mieux dans leurs rangs. Le nouveau blocage des négociations en Région bruxelloise témoignent de ce raidissement.

Le slogan a été murmuré comme une rengaine, ces dernières semaines: “Le MR n’est peut-être pas d’extrême droite, mais l’extrême droite est au MR”. Le PS ne supporte plus la ligne Bouchez et son président, Paul Magnette, a même évoqué la piste d’un cordon sanitaire pour bloquer ces dérives.

En attendant, le MR est devenu le premier parti francophone en juin 2024, il gouverne déjà au fédéral, en Wallonie et en Communauté française, et il a la main en Région bruxelloise. Dans les rangs de son président, on murmure en retour: “Ce qui est excessif est insignifiant, Paul Magnette ne digère pas sa défaite“.

Toujours est-il que le bras de fer est sanglant. Et qu’il mène au blocage de la Région bruxelloise depuis plus de 500 jours. La porte s’était ouverte avec des négociations budgétaires à six (MR, PS Engagés, Groen, Vooruit et Open VLD), mais elle est en train de se refermer.

“Une immensité de culot”

Le négociateur en chef bruxellois, David Leisterh (MR), avait remis en fin de semaine passée sa “best and last offer” sur le budget après des semaines de discussions. La situation est difficile et l’effort conséquent.

Ahmed Laaouej, chef de file du PS, a minaudé en retour: il a “marqué son accord sur 85 % de son contenu et fait part de ses alternatives pour les 15 % restants“. Le MR a pris “le temps de la réflexion”.

Le PS est revenu à la charge mardi: “Constatant la rupture du dialogue depuis vendredi et l’absence d’initiatives nouvelles dans le chef du formateur, le PS demande à ce que les discussions reprennent sans délai pour doter la Région d’un budget crédible pour les années 2026 et suivantes et qui soutienne un gouvernement de plein exercice et un cap clair à Bruxelles”.

Georges-Louis Bouchez s’est étranglé: “Là, c’est vraiment la Champions League du culot. Une immensité de culot”.

“On avait fixé un cadre budgétaire, dit-il à La Libre. Il faut arrêter de dire que personne ne peut rien se payer à Bruxelles. Et on avait proposé des mesures pour arriver à l’objectif. Il était convenu que si on n’était pas d’accord avec une mesure, on en proposait une autre pour compenser. Par exemple, si vous n’êtes pas d’accord pour geler la dotation aux communes, vous devez proposer de relever le prix des sacs-poubelle.” Or, le PS n’aurait pas détaillé concrètement ses contre-propositions sous la forme de “frais de fonctionnement”.

Frédéric De Gucht, tout juste désigné président de l’Open VLD, rajoute une couche: “Si, après 505 jours, la faute incombe toujours aux autres, le PS devrait peut-être se regarder dans le miroir. Les excuses sont faites pour s’en servir. C’est du mauvais cinéma irresponsable. Il est temps de mettre en œuvre de véritables réformes et économies pour Bruxelles.”

Un bras de fer jusqu’en janvier?

Dans ce contexte, difficile de prévoir un reprise rapide des discussions. Dramatisation? Probable. Mais la confiance entre les deux principaux partenaires semble décidément difficile à rétablir.

“Le fond de ma pensée, c’est que le PS considère que la première place du MR à Bruxelles est une anomalie de l’histoire et il veut retrouver la maison intacte quand il en reprendra les clés, tempête Georges-Louis Bouchez. Mais le MR ne jouera pas les concierges.”

Selon lui, le PS doit venir avec des mesures concrètes. De toute manière, en janvier et à ce rythme, “Bruxelles ne pourra plus ouvrir de ligne de crédit“.

Le bras de fer se poursuivra-t-il jusqu’à la fin de l’année? Le fameux record d’une crise de 541 jour, établi au fédéral en 2010-2011, va-t-il vaciller?

En tout état de cause, le fossé entre les deux principales formations francophones, s’il n’est pas nouveau et est souvent sources de sorties théâtrales, est une bien mauvaise nouvelle pour la capitale.

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