L’octroi d’une indemnité de sortie pour un montant total de 550 000 euros au directeur général de la tévision communautaire fait rugir. Les travailleurs de la chaine s’offusquent et les partis réagissent. Mais n’y a-t-il pas une dose d’hypocrisie au vu de la composition du conseil d’administration?
L’indignation est générale après la divulgation par la presse de l’indemnité de sortie de Marc de Haan, directeur général de BX1: une somme totale de 550 000 euros, selon le calcul d’un administrateur, dans le cadre d’un arrangement lui permettant de partir en prépension à 61 ans sans perte de salaire.
La pratique, somme toute, est assez courante dans les entreprises. Mais le contexte budgétaire public bruxellois, le fait que cela provienne d’argent public et les mesures d’économies annoncées dans les télévisions locales composent un cocktail explosif.
Le courroux des journalistes
Les travailleurs et travailleuses de la chaîne dénoncent dans un communiqué “un coût démesuré, une procédure opaque, un avenir en péril”.
Ils disent avoir appris la nouvelle par la presse, bien que des informations avaient fuité avant cela. “Ce choix, pris en toute opacité par l’ancien Organe d’Administration, scandalise l’ensemble des équipes, soulignent-ils. Il menace non seulement la stabilité de l’emploi, mais également la réputation et la pérennité même de BX1, média de proximité déjà fragilisé dans un paysage médiatique en pleine tension.”
Ce « parachute doré », ajoutent-ils, est “perçu comme une insulte à l’engagement quotidien des journalistes, cadreurs, monteurs, technicien·nes, opérateur·ices et de l’ensemble des travailleur·euses qui portent l’information bruxelloise avec rigueur, indépendance et passion”.
Ils exigent dès lors que “le nouvel Organe d’Administration assume pleinement ses responsabilités : transparence, prise de responsabilité et protection du projet éditorial et social de BX1”.
Indignations politique et hypocrisie?
Politiquement, Christophe De Beukelaer (Engagés) avait sonné la chargé: “C’est indécent. J’ai demandé à notre nouvelle administratrice Les Engagés de demander toute la clarté sur le dossier et son inscription à l’orde du jour du prochain CA (8 juillet) afin de voir s’il est possible de revenir sur la décision.”
La ministre des Médias, Jacqueline Galant, a coupé les vivres. “Certainement pas avec l’argent des citoyens de la Fédération Wallonie-Bruxelles, a-t-elle réagi sur X. J’ai demandé ce matin à l’administration de bloquer la liquidation du solde de la subvention à BX1. Si un média de proximité a les moyens d’octroyer un tel parachute doré à ses dirigeants, il n’a pas besoin des subventions de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ceci démontre à nouveau l’urgence d’une réforme du secteur.”
L’indicent a également suscité un clash habituel entre Paul Magnette, président du PS, et Georges-Louis Bouchez, président du MR. Au premier qui évoquait la nécessité d’une taxe des super-riches, le second a rétorqué: “Pour donner des parachutes dorés à vos amis de BX1… ? Non merci.”
En interne, on s’étonne toutefois de ces indignations en affirmant que, logiquement, tous les partis… devraient être au courant vu la composition du conseil d’administration de BX1. Y compris le MR: Laura Hidalgo, membre du parti, en est membre et était la trésorière de l’ancien Organe d’Administration, au moment du vote de l’indemnité.
Les chemins légaux ont-ils été court-circuités? Ou l’information est-elle mal passée? On risque d’en reparler.