Les frais de personnel et l’aide sociale ont plus appauvri les communes bruxelloises que la crise sanitaire
Les communes bruxelloises sortent financièrement fragilisées de la mandature par la succession des crises, a révélé mardi Belfius lors de la présentation de la 45e édition de son étude “Finances locales”. Ce n’est pas la crise sanitaire liée au Covid-19 qui a le plus de conséquences, mais bien les charges de personnel et l’aide sociale, selon la banque.
“Le plus gros impact sur les finances des communes bruxelloises a été la hauteur de l’inflation”, a souligné Arnaud Dessoy, responsable des études Public finance et Social profit chez Belfius. “Cela a été l’élément perturbant, avec les coûts de l’énergie. La crise sanitaire a eu un impact moins important.”
L’inflation
Les communes bruxelloises ont en effet été confrontées à une progression “inédite des charges de personnel” par l’effet combiné de la forte évolution de l’inflation – soit 10 dépassements de l’indice pivot au cours de la mandature -, de l’accroissement des charges de pensions du personnel statutaire et de la mise en œuvre progressive à partir de 2021 des accords sociaux relatifs à la revalorisation des rémunérations. Les charges de personnel représentent plus de 40% des dépenses ordinaires.
À cela s’ajoutent aussi les interventions communales en faveur du CPAS qui représentent en moyenne 15% des dépenses ordinaires totales des communes et qui ont enregistré une forte progression (+8,4% en moyenne par an) durant l’ensemble de la mandature.
“Les perspectives d’évolution des charges des pensions sont très inquiétantes”, a également pointé Dimi Jottier, analyste Public Finance chez Belfius. La cotisation de responsabilisation devrait passer de 100 millions d’euros aujourd’hui à 175 millions en 2028. Ce sera un enjeu important de la prochaine mandature, selon Belfius qui a sondé les gestionnaires locaux pour son étude. Ça le sera certainement pour 82% des répondants et plutôt oui pour 12%.
Côté recettes ordinaires, leur évolution a été influencée principalement par les mécanismes d’indexation de nombreuses recettes communales (fiscalité, Fonds, subsides), a pointé l’étude de Belfius.
10 communes en déficit sur 19
“La recette prédominante des communes bruxelloises, c’est la fiscalité (52%)”, a encore noté M. Dessoy. “Les communes dépendent des impôts pour la plus grande partie de leurs recettes. L’autre recette importante, ce sont les subsides qui proviennent principalement de la Région bruxelloise. Avec le fonds des communes d’une part et toute une série de subsides alloués pour payer le personnel ou le fonctionnement de tel ou tel service.”
Les communes bruxelloises dégagent ainsi ensemble un léger déficit de 15,4 millions d’euros à l’exercice propre.
“Le matelas dont disposent les communes s’est réduit : de 200 millions en 2019, il est passé à 58,5 en 2024. Ce n’est pas encore une situation dramatique, mais la situation est tendue”, a encore observé Arnaud Dessoy, ajoutant que “10 communes sont en déficit et 9 seulement sont à l’équilibre ou en excédent. Le boni global n’est plus qu’à 58,5 millions, ce qui représente à peine 2% des recettes alors qu’il est plutôt à 5, 6 ou 8% dans les autres Régions.”
Les communes Canal
“La situation la plus problématique touche les communes proches du canal (Anderlecht, Forest, Schaerbeek, Molenbeek), quatre communes qui présentent une situation déficitaire : avec une rentrée fiscale plus faible, une dotation plus importante pour le CPAS, et une activité économique qui a plutôt tendance à sortir de la commune. Du coup, le précompte immobilier y est moins important”, a encore précisé Arnaud Dessoy.
Selon les gestionnaires communaux interrogés au cours de l’enquête menée par Belfius, le trois plus grands défis financiers pour la prochaine mandature sont les évolutions des charges de pensions, des coûts de sécurité (zone de police), et de l’aide sociale et de la transition énergétique.
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