La Région bruxelloise, entre “réunion de le dernière chance” et pourrissement de la situation

Christophe De Beukelaer (Les Engagés): "La survie de la Région bruxelloise est en jeu". BELGA PHOTO HATIM KAGHAT
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les sept partis susceptibles de former un gouvernement régional bruxellois se retrouvent ce lundi à 16h. Cela passe ou cela casse, mais les lignes bougent peu, tant du côté de l’Open VLD que du PS. Sans doute faudra-t-il que la crise s’aggrave davantage encore.

Selon Christophe De Beukelaer, chef de file des Engagés en Région bruxelloise, c’est une enième “réunion de la dernière chance”. Sept partis susceptibles de former un gouvernement régional bruxelloise se retrouvent ce lundi à 16h: MR, Engagés, PS, Groen, CD&V, Vooruit et Open VLD.

A vrai dire, les chances de voir les lignes bouger sont minimes. Interrogé sur LN24, lundi matin, Christophe De Beukelaer déplore “un blocage complètement irrationnel”.

“Dans un meilleur état en 2029”

Le leader des Engagés résume la situation de la sorte: “D’un côté on a les socialistes, les écologistes, qui disent qu’ils ne veulent pas participer à un gouvernement avec la NVA car ils disent que c’est un parti raciste. Ce n’est évidemment pas correct cette analyse de la situation. Car si vous traitez tout le monde de raciste ou d’extrême droite, vous ne savez plus fonctionner avec les autres. Et de l’autre côté, vous avez l’Open VLD qui dit qu’à Bruxelles rien n’est possible sans la N-VA. C’est complètement irrationnel aussi.”

Faut-il préciser que ce blocage survient après de nombreuses péripéties: majoité introuvable du côté flamand, dans un premier temps, puis rupture du dialogue par le PS, une fois la N-VA invitée à la table. Désormais, ce sont les libéraux flamands de l’Open VLD qui reçoivent le “valet noir” car dans cette formule à sept, ils affirment ne pas vouloir se lancer dans une aventure sans la N-VA.

Leur chef de file, Frédéric De Gucht, est intraitable. Même s’il a ouvert une toute petite porte we week-end. Son message? “Nous ne participerons qu’à un gouvernement qui laissera Bruxelles dans un meilleur état en 2029 qu’en 2025. Pour cela, nous voulons des garanties. Y compris du fédéral.” Mais il ajoutait qu’à ses yeux, cela ne serait possible qu’avec la N-VA.

“Des logiques de partis”

Le MR et le PS pourront-ils débloquer la situation? Les deux formations francophones viennent de sceller un pacte pour débloquer la situation dans la commune de Schaerbeek, en se partageant le maïorat pour la législature. Mais l’échelon régional est autrement plus complexe, avec sa double majorité linguistique et son imbrication avec les autres niveaux de pouvoir.

Le PS n’a guère intérêt à gouverner la capitale avec la N-VA en raison de son discours institutionnel – c’est le mot d’ordre officiel -, mais aussi pour des raisons de calcul politique, dès lors qu’il mène une opposition féroce au gouvernement De Wever.

Le MR n’a guère intérêt à laisser tomber la N-VA avec laquelle il gouverne au fédéral, avec des plans pour Bruxelles sur la table, dont la fusion des zones de police. Une concertation netre MR et Open BLD a eu lieu ces derniers jours, mais sans qu’il en ressorte une piste évidente.

“Le plus interpellant dans ce blocage, c’est qu’il n’est pas dû au contenu, mais à des stratégies de partis”, estime le politologue Dave Sinardet, interviewé par Bruzz.

“La survie de la Région en jeu”

Bref, le pourrissement de la situation est la thèse la plus probable, jusqu’au moment où la situation budgétaire se dégradera encore.

“Dans quelques semaines Standard & Poor’s va donner une note à la Belgique et elle risque d’être abaissée, estime Christophe De Beukelaert. Ce qui va donner un emballement de l’endettement qui ne sera plus contrôlé. Ces dernières années, les frais de personnel et de fonctionnement de la Région bruxelloise ont augmenté de 40 %. Si on ne fait rien, le coût de la dette va atteindre 800 millions d’euros sur un budget de recette de 6 à 7 milliards seulement.”

L’hypothèse d’une tutelle financière du fédéral risque de revenir sur la table. Alors, les politiques bruxelloise se décideront-ils à prendre les choses en mains? “C’est la survie de la situation bruxelloise qui est en jeu, confirme De Beukelaer. Si la dette s’emballe et qu’on ne sait plus y répondre en tant que Bruxellois, on va devoir demander de l’argent au fédéral. C’est alors la fin de l’autonomie de la Région bruxelloise, ce que certains appellent la tutelle.”

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