Le président de Vooruit, Conner Rousseau, s’en est pris, mercredi, au président de la fédération bruxelloise du PS, Ahmed Laaouej. Il l’accuse de « surtout s’occuper des élections de 2029 » alors qu’il ferait mieux de s’affairer à former un gouvernement dans la capitale.
Les relations entre les socialistes francophones et flamands dans la capitale sont particulièrement tendues. Vooruit a refusé de suivre le PS dans des négociations en vue de former une majorité de gauche au parlement bruxellois avec Ecolo, Groen, le PTB et la Team Fouad Ahidar, et donc sans la N-VA.
Ce choix, qui aurait compliqué la tâche de Vooruit dans les majorités fédérale et flamande où il a conclu une alliance avec la N-VA, est mal passé au PS bruxellois. Malgré une réunion associant, outre M. Laaouej, le président national Paul Magnette et le vice-président et bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close, Conner Rousseau n’a pas cédé : les conséquences d’une rupture avec les nationalistes seraient trop lourdes, a-t-on indiqué de bonne source.
Le PS bruxellois prépare la rupture
Le 13 juin, la fédération socialiste bruxelloise a validé à l’unanimité le scénario de listes PS également présentées dans le collège néerlandophone pour élire le parlement bruxellois en 2029, et la fin de listes communes avec Vooruit pour les élections communales de 2030.
Le président a été chargé de communiquer la décision à la fédération bruxelloise de Vooruit. Si cette hypothèse n’est pas encore mise en œuvre, elle susciterait l’adhésion de certains mandataires Vooruit de la capitale, guère emballés par l’alliance avec les nationalistes flamands et certaines politiques mises en œuvre par le gouvernement fédéral, comme la limitation dans le temps des allocations de chômage, qui risquent de plomber les finances communales, indiquait-on.
Vers des listes Vooruit francophones ?
« Nous restons très calmes. Nous examinerons si, alors, nous ne présenterons pas des listes francophones, car je crois que les Bruxellois francophones ont plus besoin de Vooruit que les Bruxellois néerlandophones d’Ahmed Laaouej », a répliqué M. Rousseau. « Nos gens à Bruxelles sont de bons bilingues ».
La piste de gauche étudiée par M. Laaouej était une « sorte de projet fantaisiste qui l’aurait fait ministre-président d’une coalition avec des partis extrémistes », selon M. Rousseau. « Nous essayons toujours de trouver une solution et nous sommes donc allés écouter, mais il n’en est rien ressorti sur la manière dont ils veulent réformer Bruxelles ».
Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, qui s’implique également dans les discussions à Bruxelles, a aussi été visé. « Bouchez et Laaouej se disputent avec tout le monde. Peut-être que PS et MR devraient envoyer d’autres personnes. Il y aurait peut-être un gouvernement », a affirmé le président de Vooruit.
Une rupture aux lourdes conséquences électorales
Les socialistes se présentent régulièrement en cartel aux élections communales en région bruxelloise, ce qui permet à Vooruit de disposer d’échevins dans certaines communes. Présenter des listes uniquement Vooruit est hasardeux : l’aventure a été tentée à Schaerbeek l’an passé et les socialistes flamands n’y ont pas décroché un seul élu.
Au parlement régional, le scénario pourrait sceller la fin de facto du principe de deux groupes linguistiques en vigueur depuis 1989. Le PTB-PvdA, parti national, est déjà parvenu à décrocher des élus dans les deux groupes. Le succès de la Team Fouad Ahidar le 9 juin 2024, mais aussi celui de Groen, a montré qu’il était possible de faire élire des députés dans le groupe néerlandais grâce à des voix francophones.
Si le PS, voire le MR, y parvenaient à leur tour en présentant leurs propres listes, le principe de ces deux groupes linguistiques distincts aura perdu sa raison d’être.
Des tensions persistantes entre Rousseau et Laaouej
Ce n’est pas la première fois que les relations entre le leader des socialistes flamands et le président de la fédération bruxelloise du PS sont tendues. M. Laaouej s’était indigné, en 2022, des propos du socialiste flamand sur Molenbeek, où celui-ci disait « ne pas se sentir en Belgique ».
Idem en 2023 après les propos racistes que M. Rousseau avait tenus, ivre, dans un café de Sint-Niklaas à l’encontre des Roms.