Alors que la Région bruxelloise avait connu une dynamique post-Covid favorable, les derniers chiffres publiés par l’Institut bruxellois de statistique et d’analyse (IBSA) témoignent d’un net ralentissement conjoncturel.
Entre le second semestre 2024 et le début de l’année 2025, la progression de l’emploi salarié s’essouffle, l’intérim peine à retrouver ses niveaux d’avant-crise, et le chômage semble amorcer une stabilisation après deux années de hausse.
Une croissance de l’emploi toujours positive, mais en net repli
La Région bruxelloise continue d’enregistrer une progression du nombre de salariés domiciliés sur son territoire, avec une hausse de +0,6 % au troisième trimestre 2024, puis de +0,2 % au quatrième. En rythme annuel, cela représente une augmentation de +0,8 % sur l’ensemble de l’année, supérieure à la moyenne nationale (+0,1 %), selon les derniers chiffres publiés par l’Institut bruxellois de statistique et d’analyse.
Fin 2024, Bruxelles atteint un record avec 362 000 salariés bruxellois occupés. Cette dynamique reste cependant bien en deçà de celle observée en 2023 (+2,1 %). Le ralentissement est surtout marqué dans le secteur marchand (industrie, construction, services), tandis que l’emploi public joue un rôle d’amortisseur.
Si le nombre de salariés progresse légèrement, le volume de travail exprimé en équivalents temps plein (ETP) accuse une baisse de –0,4 % au troisième trimestre 2024, soit le premier recul depuis fin 2020. Cette évolution est néanmoins moins marquée qu’au niveau national (–0,6 %).
Un léger rebond est observé au quatrième trimestre (+0,2 %), mais il ne suffit pas à compenser l’essoufflement : la croissance annuelle des ETP plafonne à +0,3 % en 2024 à Bruxelles, contre +2 % un an plus tôt. Cela témoigne d’une intensité de travail moindre ou d’un recours accru à des formes d’emploi à temps partiel ou plus flexibles.
L’intérim se redresse en fin d’année, sans retrouver son niveau antérieur
L’activité intérimaire, considérée comme un indicateur avancé de la conjoncture, illustre bien les incertitudes du marché de l’emploi bruxellois. Entre janvier et août 2024, le recours à l’intérim chute de près de 8 %. Une reprise intervient ensuite à l’automne, avec une hausse de 5 % entre août et décembre, mais l’indice reste inférieur à ses niveaux de 2022 et 2023.
Fin 2024, l’indice d’intérim atteint 88 à Bruxelles, contre 96 en 2022 et 94 en 2023. Ce rebond, plus marqué que dans le reste du pays, réduit l’écart avec la moyenne nationale, mais sans compenser le recul initial. Début 2025, la tendance s’inverse de nouveau : l’intérim recule légèrement à Bruxelles, et plus fortement en Belgique, confirmant la fragilité de cette reprise.
Des intentions de recrutement contrastées selon les secteurs
L’enquête conjoncturelle de la Banque nationale de Belgique (BNB) menée au second semestre 2024 révèle des intentions d’embauche très différenciées selon les secteurs d’activité.
- Dans l’industrie, la tendance est à l’amélioration, avec une volonté accrue de recruter.
- Le commerce fait état d’une légère détérioration des perspectives, sans rupture majeure.
- Les services aux entreprises, en revanche, montrent un pessimisme croissant quant aux perspectives d’emploi.
En avril 2025, un retournement modéré s’esquisse : tous les secteurs indiquent un regain d’optimisme, ce qui pourrait annoncer une reprise modérée des embauches à court terme.
Le chômage se stabilise après deux années de hausse
Entre janvier 2023 et janvier 2025, Bruxelles a connu 24 mois consécutifs de hausse du nombre de demandeurs d’emploi inoccupés (DEI), pour un total de 4 600 DEI supplémentaires. Mais cette tendance semble désormais se stabiliser.
En mars 2025, Actiris recense 90 153 DEI à Bruxelles. Après une première baisse en janvier, suivie d’une quasi-stagnation en février et mars (+0,4 % au dernier trimestre), la courbe du chômage semble infléchir. Le taux de chômage rejoint progressivement sa moyenne de long terme.
Cependant, cette stabilisation reste fragile : le nombre d’offres d’emploi (hors intérim) reçues par Actiris a chuté de 20 % entre début 2024 et début 2025. Cette baisse de la demande constitue un signal préoccupant pour les perspectives du marché de l’emploi.
Si l’emploi continue de progresser à Bruxelles, le climat conjoncturel reste marqué par des incertitudes. Le ralentissement de la croissance salariale, le recul temporaire du volume de travail, les tensions persistantes sur l’intérim et la faiblesse de l’offre d’emploi indiquent une phase de transition. Seule la stabilisation récente du chômage apporte une note d’espoir, sous réserve d’une reprise effective des embauches dans les mois à venir.