Démission de Pascal Smet: “On essaie surtout de jeter des collègues politiques sous le bus”
Le secrétaire d’Etat bruxellois à l’Urbanisme et au Commerce extérieur, Pascal Smet (Vooruit), a annoncé dimanche sa démission après la polémique qui a entouré l’accueil d’une délégation iranienne à Bruxelles dans le cadre d’une réunion internationale consacrée à l’urbanisme.
Un fait en particulier a poussé M. Smet à faire ce choix: il ressort d’un courriel que la Région bruxelloise a pris en charge les frais d’hébergement de membres la délégation de Téhéran ainsi que celle de Kazan en Russie, comme elle l’a fait pour les autres invités. Mais il s’agit là de représentants de pays sous le coup de sanctions internationales.
Vendredi, le socialiste bruxellois s’est expliqué devant le parlement régional. Il a déposé une série de courriels à l’appui de sa défense. Mais, selon certains adversaires politiques, il semblerait que d’autres manquaient, et en tout cas un relatif aux frais de séjour de ces deux délégations.
“Il ressort d’un mail que mon cabinet a accepté que nous prenions en charge, en tant ville hôte, les frais de séjour des chefs de délégation de Téhéran et de Kazan (dans ce cas le maire et la vice-maire) en cas d’octroi de visa par analogie avec les frais de séjour des autres chefs de délégation”, a expliqué M. Smet.
Ma conscience ne peut accepter que de l’argent belge serve aux frais de séjour d’un représentant du régime russe ou iranien
“Mon cabinet a – au nom du principe du traitement égal de tous les chefs de délégation et partant du fait que s’il recevait effectivement un visa, il n’y avait pas de problème politique – couvert cela sans que ni moi, ni mon chef de cabinet ne soyons au courant. Pourtant, l’administration avait indiqué à juste titre que cela n’était pas souhaitable. Même si je ne le savais pas, cela s’est déroulé sous ma responsabilité. Ma conscience ne peut accepter que de l’argent belge serve aux frais de séjour d’un représentant du régime russe ou iranien. J’aurais dû le communiquer mercredi au parlement mais, apparemment, ce mail a été perdu de vue”.
Le secrétaire d’Etat, en a imputé la faute commise à l’un de ses collaborateurs. L’erreur a été entretemps réparée par Metropolis, organisateur de la conférence qui a remboursé les sommes engagées.
“C’est ma façon de faire de la politique. Même si je n’ai pas commis de faute personnelle, il faut pouvoir assumer sa responsabilité”, a-t-il dit.
La ministre Hadja Lahbib aurait aussi sa part de responsabilité?
Devant la presse, M. Smet est à nouveau revenu sur le rôle joué par les Affaires étrangères dans ce dossier. “Dans aucun mail, elles ne s’opposent à la venue de ces personnes”, a-t-il affirmé, précisant qu’il en avait même parlé avec la ministre Hadja Lahbib au téléphone et qu’il n’a jamais exercé de pression pour obtenir des visas au bénéfice des représentants iraniens et russes. La mandataire MR doit-elle suivre l’exemple du socialiste flamand? “Chaque personne impliquée dans ce dossier doit se poser la question”, a dit ce dernier, sans se prononcer davantage. “Cela lui appartient en première instance”, a-t-il précisé.
“Sauf l’opposition au parlement, personne ne m’a demandé de démissionner”, a assuré l’ex-secrétaire d’Etat. Y compris le président de son parti, Conner Rousseau. “Il ne m’a rien demandé mais il m’a dit que si c’était ma décision, il la respectait”. La polémique a été vive ces derniers jours, à Bruxelles mais aussi au “fédéral” à l’égard duquel M. Smet se montre amer. Il regrette le climat politique qui s’est installé. “Ces derniers temps, on essaie surtout de jeter des collègues politiques sous le bus, je n’ai jamais fait ça”, a-t-il affirmé.
Qui prendra la relève?
Le nom du successeur de M. Smet n’est pas encore connu. L’ex-secrétaire d’Etat reviendra siéger au parlement bruxellois comme député. Il n’a pas encore envisagé la suite de sa carrière politique mais il n’entend plus assumer la tête de liste de son parti à la Région bruxelloise en 2024. Il estime que cette tâche revient à la personne qui lui succédera au gouvernement régional.
Deux noms sont avancés. Hannelore Goeman, âgée de 38 ans, cheffe de groupe de Vooruit au parlement flamand, et Ans Persoons, âgée de 44 ans, échevine à la Ville de Bruxelles qui, sous la législature précédente, avait démissionné du collège de la capitale alors pris dans la tourmente du Samusocial.