Christophe De Beukelaer (Les Engagés) sur le report de la LEZ: « Un ralentissement, pas un détricotage des objectifs »
Christophe De Beukelaer (Engagés) avec David Leisterh (MR), Ahmed Laaouej (PS) a décidé de passer en force pour imposer, sans l’accord d’une majorité côté néerlandophone, le report de l’entrée en vigueur de la zone de basse émission (LEZ).
Comment justifiez-vous votre décision de reporter de deux ans l’implémentation des nouvelles restrictions de Zone de Basse Émission (LEZ) à Bruxelles ?
Je tiens d’abord à rappeler que nous avons toujours soutenu la LEZ, qui a montré de très bons résultats, avec une amélioration de 40 % de la qualité de l’air à Bruxelles. Cette initiative a été mise en place sous la direction de Céline Frémault, qui était à l’époque ministre bruxelloise de l’Environnement pour le CdH. Nous assumons cet héritage et reconnaissons que c’était une décision courageuse qui a porté ses fruits.
Cependant, nous pensons que pour des mesures environnementales et de santé publique comme celles-ci, il est crucial de susciter l’adhésion de la population. Nous avons aussi observé que le marché de l’automobile évolue plus lentement que prévu, et que les véhicules électriques sont encore chers et parfois difficilement accessibles. Nous voulons accorder un peu de mou à la population pour arriver à mettre en œuvre les nouvelles restrictions. De plus, après la crise du COVID et les difficultés économiques actuelles, de nombreux Bruxellois nous ont exprimé leur inquiétude. Certains ont acheté leur voiture il y a moins de dix ans, et se voient maintenant obligés de la remplacer. Nous pensons donc qu’il est raisonnable de leur donner un peu plus de temps pour cette transition.
Ce calendrier était pourtant établi depuis longtemps. N’est-ce pas surprenant de revenir sur cette décision si près de la date d’application prévue ?
Nous devons rester flexibles et comprendre les réalités du terrain. Le signal électoral de juin dernier montre que les citoyens veulent une politique écologique, mais à un rythme réaliste.
On vous a traité dans la presse de « coalition pollution », la polémique sur ce report est-elle exagérée selon vous ?
Il ne faut pas exagérer cette décision qui est de reporter de deux ans une phase d’application parce qu’il y a des problèmes objectifs économiques, de marché automobile, d’économie pour les ménages,…Il ne s’agit pas du tout d’une remise en cause de l’ambition climatique ou de la qualité de l’air de la Région.
Certains diront que ce report risque bel et bien de dégrader la qualité de l’air à Bruxelles pendant ces deux années supplémentaires. Comment répondez-vous à cela ?
La qualité de l’air a déjà bénéficié d’une amélioration significative grâce à la LEZ. Oui, l’amélioration ne sera pas aussi rapide que prévu, mais nous continuons sur la voie de l’amélioration.
Selon des experts de l’UCLouvain, ce report est même très préoccupant. Ils affirment que ces deux années supplémentaires de pollution sont un recul dont nous ne pouvons-nous permettre à l’heure actuelle du réchauffement climatique. Quelle est votre position sur ce point ?
Je comprends ces préoccupations, mais je le répète, il est essentiel de maintenir l’ambition tout en permettant aux citoyens de suivre. C’est un équilibre entre ambition écologique et réalités économiques. Nous ne reculons pas sur l’objectif final, nous ajustons seulement le timing pour garantir que les gens puissent s’adapter sans être trop pénalisés.
Certaines personnes se sont déjà adaptées en revendant leur voiture. Ne craignez-vous pas de les mécontenter ?
Nous reconnaissons les efforts de ceux qui ont déjà fait le changement. Cependant, la décision politique consiste toujours à équilibrer différents éléments. Ici, nous avons essayé de calibrer au mieux pour obtenir une adhésion maximale de la population.
En résumé, pour vous, il s’agit plutôt d’un ralentissement, pas d’un détricotage des objectifs ?
Exactement. Nous maintenons l’ambition de la LEZ et nous continuerons à promouvoir des mesures de soutien pour aider les gens à vivre au mieux cette transition. Dans notre déclaration de politique régionale, nous allons aussi proposer des mesures pour le contrôle de l’objectif transparent de la qualité de l’air à Bruxelles.
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