Le record de la plus longue crise politique établi par le fédéral est égalé: 541 jours sans gouvernement. Le scandale est immense en ces temps troublés. Pour en sortir, le MR risque de devoir constater son échec et céder la main au PS, malgré lui.
Une honte. La Région bruxelloise est sans gouvernement depuis 541 jours et égale le record établi par le fédéral en 2010-2011.
“541 jours d’espoirs déçus, écrit un collectif de citoyens, parmi lesquels des chefs d’entreprises, dans Le Soir. 541 jours de débats stériles et de mobilisations sans réponses. 541 jours à voir Bruxelles glisser dans un vide institutionnel et une crise de financement inédits. 541 jours: un triste record.”
On ne peut mieux dire. Le shutdown est aux portes de la capitale de l’Europe et les institutions internationales qui y siègent s’inquiètent de l’absence de mesures dans des domaines clés comme la sécurité, la propreté ou la mobilité.
Pendant ce temps, l’Europe tremble, sa compétitivité est en berne et la menace russe devient d’autant plus crédible que les Etats-Unis prennent leurs distances.
Comment cela est-il possible?
“La fin de la récréation”
“Nous avons laissé du temps aux responsables politiques pour s’entendre, dit le Collectif citoyen. Beaucoup de temps. Mais Bruxelles, elle, n’en a plus. Ni ses entreprises qui s’inquiètent pour leur avenir ou les 40.000 personnes potentiellement exclues des allocations de chômage.” Ni ses étudiants, ses fonctionnaires, ses associations, ses citoyens, tout le monde…
“Sur le court terme, nous exigeons que les responsables politiques se réunissent en conclave dès le 2 décembre et s’accordent enfin sur un accord de gouvernement et une trajectoire budgétaire, expriment-ils. Nous ne demandons pas un accord parfait mais un accord qui permette à la Région de protéger l’essentiel, de faire fonctionner les services publics, de soutenir ceux qui font vivre Bruxelles et les plus fragiles d’entre nous.”
C’est ce que Thierry Geerts, CEO de Beci, avait exprimé dans un Trends Talk, le 17 novembre, affirmant chercher un hôtel pour “enfermer” les négociateurs.
Le risque d’une tutelle du fédéral est-il réel? “Ceux qui développent cela feraient mieux d’aller s’inscrire au ping-pong plutôt que de faire semblant d’être sérieux comme politique ou gestionnaire de l’État”, fustige Dirk De Smedt (Open VLD), nouveau ministre du Budget, dans La Libre.
Encore faut-il que son parti, qui bloque bien des solutions, devienne lui-même responsable…
Le MR mis de côté?
Cette crise interminable est, ceci dit, de la responsabilité de tous les partis bruxellois, d’une série d’exclusives et d’injures à répétition. Personne n’ose réellement prendre ses responsabilités face aux réformes importantes à mener dans la Région Capitale.
Pour autant, cet échec est avant tout celui du MR qui a la main pratiquement depuis le début, si l’on excepte des parenthèses de médiations par les Engagés. David Leisterh, chef de file libéral, s’est cassé les dents et s’est retiré. Son président, Georges-Louis Bouchez, a repris la main sans établir un climat de confiance.
Alors? Le premier parti des élections de 2024 risque bien de se retrouver sur la touche. Le président du PS bruxellois, Ahmed Laaouej, a repris langue avec les Engagés, Ecolo et DéFi du côté francophone.
“À Bruxelles, quatre partis ne veulent plus travailler avec le MR, nous testons la dernière solution”, a commenté sur LN24 Martin Casier (PS), député bruxellois.
“Sauf changement de positon du PS ou d’Ecolo, nous serons contraints, d’ici maximum dix jours, vu l’urgence, d’acter que réunir une telle majorité derrière le MR n’est hélas pas possible“, confirme Yvan Verougstraete, président des Engagés.
Le même nous disait voici une semaine: “Nous en sommes toujours même point depuis dix-huit mois. C’est effrayant et hallucinant!“.
Les mots sont faibles tant le statut de Région que celui de capitale de l’Europe sont en jeu.
