Bruxelles: le MR négociera avec les Engagés et le PS, qui n’irait pas dans l’opposition
L’invitation officielle est envoyée: les libéraux espèrent convaincre les socialistes de monter dans une tripartie à Bruxelles. “Je n’achète pas un chat dans un sac”, a prévenu Ahmad Laaouej, chef de file PS. A part la mobilité, comment faire un projet commun?
Le carton d’invitation est envoyé. David Leisterh, chef de file du MR bruxellois, convie les Engagés et les socialistes à entamer des négociations pour former un gouvernement régional, du moins sa composante francophone.
La capitale est le dernier endroit à se mettre en mouvement après les élections du 9 juin. Les cartes y ont été distribuées de façon plus compliquée qu’ailleurs. Depuis quelques jours, on sentait la fébrilité monter. Il fallait convaincre le PS d’accepter le dialogue.
Et pour être sincère, la conclusion d’un accord est loin d’être gagnée.
Le PS n’irait pas dans l’opposition
Au lendemain des résultats plus que mitigés du 9 juin, le bureau du PS avait maintenu son président, Paul Magnette, en place, mais annoncé que le parti opterait pour l’opposition à tous les niveaux de pouvoir. De quoi, potentiellement, bloquer la situation dans la Région bruxelloise, où le PS était quasiment incontournable (sans lui, il était nécessaire de négocier avec deux perdants très fragilisés, Ecolo et Défi).
Dans les rangs des partenaires MR et Engagés, qui ont lié leur sort à tous les niveaux de pouvoir, on était convaincu que le PS finirait par revenir à la raison. Pour les mandataires socialistes, présents au pouvoir depuis sa naissance, la Région-Capitale est un endroit clé – comme l’est également le fédéral, où ils pourraient être rejetés dans l’opposition. Qui plus est, l’homme fort du PS bruxellois, Ahmed Laaouej, a toujours tenu à démontrer son autonomie par rapport au PS wallon.
“En fait, Paul Magnette a été clair pour Bruxelles : ici le PS est en l’état incontournable après la décision d’Ecolo d’aller dans l’opposition, disait ce week-end au Soir Ahmed Laaouej, chef de file du PS bruxellois. Ajoutez que le PS bruxellois sort renforcé des urnes, nous avons amélioré légèrement notre score à la Région, gagné un siège à la Chambre, et la tête de liste que je suis a fait le meilleur résultat des taux de préférence… Enfin je vous ai parlé du signal progressiste envoyé par l’électeur bruxellois. Cela veut dire que le PS ne va pas brader ses priorités. Qu’ils viennent avec des propositions, j’attends. Je n’oublie pas les valeurs, je le souligne.”
Tout n’a pas toujours été clair, mais soit…
Un bras de fer en vue
Si les négociations gouvernementales ne sont jamais de longs fleuves tranquilles, ce risque d’être encore plus compliqué dans la capitale. Libéraux et socialistes y sont à couteaux tirés sur le modèle de société: les échanges musclés entre Georges-Louis Bouchez, président du MR, et Ahmed Laaouej, en ont témoigné au lendemain du scrutin.
“Le parti socialiste doit clarifier sa position sur le communautarisme, avait notamment déclaré Georges-Louis Bouchez, le 10 juin. Parce que nous n’allons pas refaire un gouvernement bruxellois où les questions communautaristes viennent polluer.” Réplique du princial intéressé: “J’ai cru comprendre qu’il demandait à chacun de marcher comme il siffle. Il est hors de question, pour ce qui nous concerne, de renoncer à ce que sont nos priorités.” Ce sera une lutte d’egos sans merci.
“Je n’achète pas un chat dansu n sac”, a déjà prévenu Ahmed Laaouej. Sur le fond, le PS a déjà fait un pas en annonçant sa volonté de revoir le plan de mobilité Good Move, ce qui est une priorité pour le MR. Mais tant sur le plan du modèle de société qu’en matière budgétaire ou de gouvernance, un bras de fer compliqué s’annonce sans la capitale. D’autant que le PS, incontournable mais exclu a priori des autres niveaux de pouvoir, n’a pas grand-chose à perdre.
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